Le triangle de béton se détache sur le manteau de neige. Le silence de la montagne n’est perturbé que par le ballet des touristes sortant quelques minutes de leur car ou de leur taxi pour photographier la mystérieuse structure. Le petit bâtiment, de la largeur de la porte blindée, n’est pas une œuvre d’art brutaliste ni le décor d’un film hollywoodien. Il s’agit de l’entrée du coffre-fort mondial des semences agricoles – le Svalbard Global Seed Vault, en anglais – construit dans l’archipel arctique norvégien, à 1 300 kilomètres du pôle Nord. Une « arche de Noé du végétal », comme il est souvent surnommé, conservant des millions de graines en cas de catastrophe.
« Cet endroit est l’un des plus importants au monde, indique Espen Barth Eide, le ministre norvégien des affaires étrangères. Si les choses tournent mal, du fait des guerres, du changement climatique ou d’une explosion nucléaire, les pays peuvent venir récupérer leurs semences et recommencer de zéro. » En cette fin du mois de mai, l’homme politique et son homologue britannique, David Lammy, sont venus déposer deux précieuses boîtes scellées, abritant, dans des enveloppes en aluminium, des graines de pois, de carotte, de laitue ou de chou.
Du 3 au 6 juin, quatorze autres pays ont également apporté 11 000 échantillons : des haricots azuki coréens aux rutabagas américains en passant par du fonio du Bénin et du riz du Vietnam. Ils ont été directement convoyés depuis l’aéroport de Longyearbyen – la principale ville du Svalbard –, situé en contrebas de la réserve mondiale. Cette dernière n’ouvre que trois fois par an. Le reste du temps, le bâtiment est fermé, laissant les semences dans le froid polaire et la solitude.
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