Evoquer l’inceste, c’est toujours en revenir à la sidération des chiffres. Lutter contre le déni, ces couches de silence soigneusement emboîtées. Dans son rapport rendu public en 2023, la Commission indépendante sur l’inceste et les violences sexuelles faites aux enfants dénombre 160 000 enfants victimes de viols pédocriminels chaque année, et 5,4 millions de femmes et d’hommes adultes qui en ont été victimes dans leur enfance.
Charlotte Devillers et Arnaud Dufeys, réalisateurs du film On vous croit, autour du combat d’une mère pour la garde complète de ses enfants après que son fils a dénoncé des faits d’inceste, se sont heurtés à ce mur : « On a beaucoup insisté sur l’ampleur des chiffres pour les financements, et souvent on se rendait compte qu’il fallait vraiment y revenir plusieurs fois pour que les gens se disent “Ah oui quand même”. »
Le long-métrage, qui met le doigt sur une faille du système judiciaire, s’inscrit dans un corpus grandissant de films, essentiellement francophones, qui se saisissent de la question de l’inceste. Dalva (2023), d’Emmanuelle Nicot, suit une adolescente qui s’émancipe de l’emprise de son père ; Une famille (2024), de Christine Angot, examine l’impact de ce vécu sur ses relations familiales ; Un silence (2024), de Joachim Lafosse, creuse le déni d’une mère ; Cassandre (2025), d’Hélène Merlin, inspiré de son histoire, dépeint le climat incestuel au sein d’une famille où un frère viole sa sœur.
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