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Au Brésil, la police fédérale a recommandé, jeudi 21 novembre, d’inculper l’ancien président d’extrême droite Jair Bolsonaro, pour une présumée tentative de coup d’Etat afin d’empêcher le retour au pouvoir de son successeur, Lula, après le scrutin de 2022. L’ancien chef d’Etat et 36 autres personnes font l’objet d’une demande d’inculpation pour « abolition violente de l’Etat démocratique de droit, coup d’Etat et organisation criminelle » dans le cadre de cette enquête, a détaillé la police dans un communiqué.

« La police fédérale a conclu jeudi l’enquête sur l’existence d’une organisation criminelle qui a agi de façon coordonnée en 2022, dans la tentative de maintien du président de l’époque au pouvoir », détaille ce communiqué. Les investigations ont duré « près de deux ans ». Le rapport doit être remis par la Cour suprême au bureau du procureur général, qui devra décider sur cette base s’il y a lieu ou non d’engager des poursuites contre l’ancien chef de l’Etat (2019-2023).

Jair Bolsonaro, 69 ans, s’en est pris au juge de la Cour suprême, Alexandre de Moraes, responsable de l’enquête. Il « conduit toute l’enquête, arrange les témoignages, arrête sans inculpation », a accusé M. Bolsonaro sur X. « Il fait tout ce que ne dit pas la loi », a-t-il ajouté, promettant de poursuivre « la lutte » sur le plan judiciaire. M. Bolsonaro est visé par plusieurs autres enquêtes, mais c’est cette affaire qui pourrait avoir le plus grand impact politique. Il clame son innocence et se dit victime de « persécution ».

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« Opération poignard vert et jaune »

L’ancien capitaine de l’armée est inéligible jusqu’en 2030 pour avoir attaqué sans preuve le système d’urnes électroniques utilisé lors des scrutins au Brésil. Mais il espère pouvoir faire annuler cette condamnation pour concourir à la présidentielle de 2026. Le 8 février, il avait été interdit de quitter le territoire brésilien dans le cadre d’une vaste opération policière baptisée « Tempus veritatis » (« L’heure de vérité », en latin), qui ce jour-là avait visé plusieurs de ses anciens proches collaborateurs, avec des dizaines de perquisitions et des arrestations.

La liste des trente-sept personnes dont les enquêteurs ont recommandé l’inculpation comprend également d’anciens ministres du gouvernement Bolsonaro, dont celui de la défense, Walter Braga Netto, qui était aussi son candidat à la vice-présidence en 2022. Le général Augusto Heleno, ex-ministre du cabinet de sécurité institutionnelle, qui était considéré comme l’éminence grise de l’ex-président, et Alexandre Ramagem, qui était le chef des services de renseignement sous son mandat, ont également été visés.

Mardi, une autre opération policière liée à cette enquête s’était soldée par l’arrestation de quatre militaires et d’un policier soupçonnés d’avoir fomenté un projet d’assassinat du candidat de la gauche Luiz Inacio Lula da Silva après sa victoire à la présidentielle de 2022. L’un des suspects interpellés est le général de réserve Mario Fernandes, proche collaborateur de Jair Bolsonaro sous son mandat.

Un empoisonnement envisagé

La police fédérale a également réclamé son inculpation jeudi, ainsi que celle de trois autres personnes arrêtées deux jours plus tôt. Leur plan, intitulé « Opération poignard vert et jaune » (couleurs du drapeau brésilien), prévoyait aussi de tuer le vice-président élu Geraldo Alckmin et le juge Moraes. L’empoisonnement aurait été l’une des méthodes envisagées.

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« Je dois être très reconnaissant puisque je suis en vie. La tentative de nous empoisonner, moi et Alckmin, n’a pas marché », a déclaré, Lula, jeudi lors d’une cérémonie officielle. « Nous avons besoin de construire ce pays sans persécution, sans incitations à la haine ni discorde », a-t-il lancé.

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Au moment du coup de filet de l’opération « Tempus veritatis », les enquêteurs ont fait état d’un projet de décret visant à convoquer de nouvelles élections et à faire arrêter le juge Moraes, qui présidait le Tribunal supérieur électoral lors de la présidentielle de 2022. Ce décret aurait été présenté par M. Bolsonaro à des militaires de haut rang lors de réunions en décembre 2022, entre sa défaite électorale au second tour du 30 octobre 2022 et l’investiture de Lula le 1er janvier 2023.

Le décret n’a finalement pas vu le jour, mais les institutions brésiliennes ont été ébranlées le 8 janvier 2023 : une semaine après l’investiture de Lula, des milliers de sympathisants bolsonaristes avaient saccagé les lieux de pouvoir à Brasilia. M. Bolsonaro, qui se trouvait aux Etats-Unis ce jour-là, fait en outre l’objet d’une enquête visant à déterminer s’il a joué le rôle d’instigateur de ces émeutes.

Le Monde avec AFP

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