La police bangladaise a annoncé, lundi 10 février, avoir arrêté plus de 1 300 personnes lors d’une vaste opération baptisée « Chasse aux démons » visant des gangs soupçonnés par le gouvernement d’être liés à l’ex-première ministre déchue Sheikh Hasina.
Jahangir Alam Chowdhury, à la tête du ministère de l’intérieur du gouvernement provisoire mis en place après la fuite de Mme Hasina après des semaines de manifestations, a promis de poursuivre cette opération « jusqu’à ce que les démons soient déracinés ». Selon le porte-parole de la police, Inamul Haque Sagar, depuis le début de cette campagne de répression samedi, « 1 308 personnes ont été arrêtées à travers le pays ».
Ces arrestations font suite à une série de troubles. Début février, six mois après la fuite de l’ex-dirigeante, des manifestants ont détruit plusieurs bâtiments liés à sa famille, après avoir appris que Mme Hasina, 77 ans, devait s’adresser à ses partisans sur Facebook depuis l’Inde voisine, où elle a trouvé refuge. Elle est poursuivie par la justice bangladaise pour crimes contre l’humanité et fait l’objet de plusieurs mandats d’arrêt internationaux.
Parmi les bâtiments détruits, la maison transformée en musée de son père, le premier président du pays, Sheikh Mujibur Rahman, dans la capitale, Dacca. Des militants des droits civiques ont condamné ces saccages. Des manifestants anti-Hasina et des membres de son parti, la Ligue Awami, se sont également affrontés.
Messages sur les réseaux sociaux
Le gouvernement a attribué la responsabilité de ces violences à l’ex-première ministre, qui a dirigé le pays d’une main de fer de 2009 jusqu’à son exil et qui multiplie les messages sur les réseaux sociaux, galvanisant ses partisans. Le Prix Nobel de la paix, Muhammad Yunus, à la tête du gouvernement intérimaire, a appelé au calme, vendredi.
Peu après, des membres du mouvement « Les étudiants contre la discrimination », à l’origine des manifestations de l’été 2024, ont été attaqués à Dacca. Des membres de ce collectif, dont certains font partie du gouvernement intérimaire, ont exigé des mesures à l’encontre des auteurs de ces agressions.
Le gouvernement a affirmé avoir lancé son opération après que des gangs « liés à l’ancien régime autocratique eurent attaqué un groupe d’étudiants, dont certains ont été gravement blessés ».
Face aux inquiétudes, le gouvernement s’est montré rassurant, l’attaché de presse de M. Yunus, Shafiqul Alam, affirmant qu’un « centre de commandement » supervise le maintien de l’ordre.
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Mais l’avocat de la Cour suprême, Snehadri Chakravarti, a critiqué ces opérations, estimant que des « innocents » pourraient être arrêtés sans que cela permette de résoudre les problèmes principaux. « Je ne pense pas que cette campagne améliorera de manière significative l’ordre public qui se détériore », a-t-il déclaré. « Pour moi, c’est de la poudre aux yeux. »