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Un non-lieu quatre ans après un attentat qui avait traumatisé la police. Un juge d’instruction antiterroriste a clos l’enquête sur l’attentat de Rambouillet (Yvelines) en avril 2021, au cours duquel le djihadiste Jamel Gorchane avait poignardé à mort une fonctionnaire de police, Stéphanie Monfermé, estimant qu’aucune complicité n’a pu être établie.

L’assaillant de 36 ans, arrivé irrégulièrement en France en 2009 pour rejoindre son père malade et titulaire d’une carte de séjour, avait mortellement poignardé à la gorge cette adjointe administrative de 49 ans dans l’entrée du commissariat de Rambouillet le 23 avril 2021.

« Aux termes des investigations, le caractère terroriste de l’attaque (…) est parfaitement établi », estime le magistrat antiterroriste instructeur dans son ordonnance rendue mercredi 15 octobre. Le juge liste ces éléments à charge : « Le choix de cibler un commissariat de police, et plus particulièrement l’une de ses membres, conformément à la propagande diffusée par des organisations terroristes, le modus operandi de l’attaque, l’écoute juste avant de passer à l’acte de chants djihadistes ». Pour ce juge d’instruction, « tout indique qu’il s’agissait pour Jamel Gorchane d’inspirer la terreur au sein des forces de l’ordre ».

Le Parquet national antiterroriste (PNAT), qui avait demandé ce non-lieu, avait souligné la « logique suicidaire » de l’assaillant et rappelé que son entourage s’était inquiété d’un état de santé « psychologique et psychiatrique particulièrement fragile » avant les faits.

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« Radicalisation bien réelle »

« Que l’auteur des faits ait été en plus perturbé psychiquement n’enlève rien au caractère terroriste de cet assassinat commis en raison d’une radicalisation bien réelle », confirme encore le juge. L’assaillant ayant été abattu, l’enquête visait à établir l’existence d’éventuelles complicités dont il aurait bénéficié.

Plusieurs gardes à vue avaient été menées dans son entourage en France ou en Tunisie, alors que l’intéressé avait quelques contacts en lien avec la mouvance islamiste, sans qu’elles ne donnent lieu à des poursuites.

Jamel Gorchane fréquentait de manière ponctuelle une mosquée de Rambouillet, mais celle-ci n’a pas été liée à la mouvance radicale et ses responsables ont fermement condamné l’attentat. Ce chauffeur-livreur était dépourvu de casier judiciaire et inconnu des services de renseignement. Pour le juge d’instruction, « les investigations n’ont pas identifié par contre de complices de ces faits ou l’existence même d’une association de malfaiteurs en vue de leur préparation ». Ce qui justifie son non-lieu.

« Ma cliente est soulagée que ça se termine »

Originaire de Coutances (Manche), Stéphanie Monfermé, mariée et mère de deux filles alors âgées de 13 et 18 ans, avait intégré la police nationale en 1993 et travaillait depuis au commissariat de Rambouillet. Sa famille proche, qui ne s’est pas constituée partie civile, n’a pas souhaité commenter la décision du juge d’instruction antiterroriste.

« Nous ne sommes pas surpris » qu’un non-lieu soit rendu, « c’était le sens de l’instruction », a fait savoir Ivan Jurasinovic, avocat de la cheffe de poste de l’époque du commissariat, qui a gardé de l’attaque un stress post-traumatique. « Ma cliente est soulagée que ça se termine (…), après une enquête extrêmement minutieuse ».

Au lendemain d’obsèques privées auxquelles Emmanuel Macron avait assisté, un hommage national avait été rendu à Stéphanie Monfermé, présidé par le premier ministre d’alors, Jean Castex, et en présence de plusieurs ministres, élus et responsables de l’opposition. La défunte avait été décorée de la Légion d’honneur à titre posthume. Jean Castex l’avait qualifiée d’« héroïne du quotidien ».

Cet assassinat avait traumatisé la police, cinq ans après celui d’un couple de fonctionnaires de police, Jean-Baptiste Salvaing et Jessica Schneider, à son domicile de Magnanville, dans le même département, par un jihadiste. Plusieurs mesures de soutien psychologique avaient été mises en place et des assistants sociaux mobilisés.

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Le Monde avec AFP

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