Meilleures Actions
Histoires Web samedi, octobre 11
Bulletin

Montée des tensions géopolitiques, guerre commerciale, la situation internationale incite à nous interroger sur les bénéfices de la mondialisation. Les institutions mises en place après la seconde guerre mondiale étaient supposées renforcer les liens entre pays, favoriser la croissance économique et ainsi pacifier les relations internationales. Mais l’intégration commerciale semble aujourd’hui exposer nos économies à des risques économiques et géopolitiques nouveaux. Pourtant, les impératifs de souveraineté dans de nombreux secteurs économiques ne seront pas atteints sans une forme de coordination internationale.

Selon la théorie économique, l’accès aux marchés étrangers apporte deux types de bénéfices majeurs. D’abord, il pousse à la spécialisation des économies, améliorant l’efficacité des systèmes productifs. Par ailleurs, les marchés internationaux offrent une forme d’assurance : ils permettent à chaque pays de maintenir sa consommation de biens et de services, même lorsque la production domestique fléchit. L’intégration stabilise ainsi la consommation réelle face aux crises et aléas de production, une forme de « partage du risque ».

Si les bénéfices d’efficacité et de partage du risque ont longtemps semblé compatibles, l’hypermondialisation des années 1990 et 2000 a rompu cet équilibre. Elle a entraîné une spécialisation excessive à certains points des chaînes de valeur, ce qui remet en question la capacité des marchés internationaux à assurer le partage du risque. Dans les semi-conducteurs, par exemple, 60 % de la demande mondiale dépend de l’entreprise TSMC à Taïwan. Dans les services numériques, Google domine les moteurs de recherche à hauteur de 90 %, tandis que les services de cloud sont quasi intégralement assurés par trois entreprises américaines, Amazon Web Services, Microsoft Azure et Google Cloud Platform.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Le « cloud souverain » français et européen, un défi face à la puissance américaine

Cette hyperconcentration génère des économies d’échelle importantes, mais rend les économies européennes vulnérables. En cas de conflit géopolitique majeur, l’approvisionnement en biens ou la fourniture de services pourraient ne plus être assurés. L’Union européenne semble aujourd’hui prête à payer le coût d’une moindre spécialisation pour mieux partager le risque sur certains points stratégiques. Mais croire que ces objectifs sont atteignables sans s’appuyer sur les marchés internationaux reste illusoire.

Il vous reste 48.27% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.