L’auteur de l’attaque à l’arme blanche qui a fait cinq blessés mardi à Marseille « n’apparaissait pas radicalisé, mais souffrant de troubles psychiatriques », selon une enquête menée après un incident dans une mosquée de Sète (Hérault) en juin dernier, a annoncé, mercredi 3 septembre, le procureur de la République de Marseille, Nicolas Bessone.
Le parquet national antiterroriste « ne souhaite pas retenir sa compétence » à l’heure actuelle sur ce dossier, même si l’homme a crié « Allah akbar » à plusieurs reprises lors de son « périple criminel » avant d’être abattu par des policiers, a précisé M. Bessone lors d’un point presse au cours duquel il a retracé le parcours de l’assaillant.
Les trois victimes touchées au couteau lors de l’attaque sont hors de danger, y compris le « colocataire » de l’assaillant dans un hôtel dont il avait été expulsé pour non-paiement. Ce dernier était le plus grièvement touché, blessé au cœur.
L’assaillant, Abdelkader Dibi, un Tunisien de 35 ans en situation régulière en France, était connu pour « sa violence et de ses problèmes d’addiction à la fois à la cocaïne et à l’alcool », a précisé le procureur. Il avait notamment été condamné à La Rochelle pour des violences avec arme commises en 2023 sur un neveu.
Fin juin il avait été placé en garde à vue après un incident dans une mosquée de Sète où il « avait pris la parole en sous-entendant que le pays était gouverné par des juifs et des sionistes », propos pour lesquels il devait être prochainement jugé.
« Sur le plan d’une éventuelle radicalisation, il faisait l’objet d’un criblage [après l’incident sétois] dont il ressortait que l’individu n’apparaissait pas radicalisé, mais souffrant de troubles psychiatriques », a souligné le procureur.
Il a par ailleurs estimé que « la légitime défense est très fortement envisagée au regard des éléments objectifs » concernant la confrontation avec l’équipe de quatre policiers qui sont intervenus et ont abattu l’assaillant alors qu’il les menaçait, armé de deux couteaux, dans une rue très fréquentée de l’hypercentre de Marseille.
Selon le procureur de la République de Marseille, l’homme est passé rapidement devant le réceptionniste de l’hôtel à 14 h 30. Il est monté à la chambre numéro 1 et a donné un coup de couteau à son colocataire. Il est redescendu et a alors attaqué le réceptionniste. C’est ce dernier, et non le gérant de l’hôtel comme dit mardi, qui a été le deuxième blessé.
En sortant de l’établissement, l’homme a croisé le fils du gérant de l’hôtel, à qui il a donné « un coup de couteau au niveau du dos », a précisé le procureur. Ce dernier est toujours hospitalisé, « mais ses jours ne sont pas en danger ». Un ami du fils qui tentait de le désarmer a reçu « un violent coup de barre de fer ». Puis, lors de sa fuite, il a donné un coup de poing à une autre personne.
L’homme est ensuite entré dans un snack de la rue de Françis de Pressensé, où « il a essayé d’éventrer » le gérant du restaurant « en criant “Allah Akbar” et en disant “moi aussi je veux mourir” ». Plusieurs personnes ont essayé de l’arrêter, mais il est parvenu à prendre la fuite, avant qu’une patrouille de police circulant à Belsunce lui intime l’ordre de s’arrêter.
« Il n’[a pas] obtemp[éré], et [les policiers] ont fai[t] usage de leurs armes », a expliqué le procureur, précisant que « six douilles avaient été retrouvées sur la scène ». L’homme est décédé malgré les tentatives de réanimation.