L’auteur de l’attaque à la grenade, mercredi, dans un bar de Grenoble, qui a fait une quinzaine de blessés est toujours activement recherché, jeudi 13 février au soir, a fait savoir le procureur de la République de Lyon, Thierry Dran, joint par l’Agence France-Presse (AFP). Il a précisé que le pronostic vital de deux blessés restait engagé, malgré une légère amélioration de leur état.
« Au regard de la gravité du préjudice subi et du mode opératoire », la juridiction interrégionale spécialisée dans la lutte contre la criminalité et la délinquance organisées (JIRS) du parquet de Lyon s’est saisie de l’enquête. Les investigations se poursuivent sous les chefs notamment de « tentative de meurtre en bande organisée », d’après un communiqué du parquet. Ce dernier a précisé que l’assaillant, qui a pris la fuite à pied immédiatement après avoir jeté sa grenade à fragmentation, était cagoulé et armé d’un fusil d’assaut.
« On imagine mal un type solitaire faire ça », a relevé M. Dran auprès de l’AFP, en soulignant la « rareté » des attaques à la grenade. Mais, à ce stade, « toutes les pistes sont envisageables », a-t-il poursuivi. Les investigations incluent un gros travail de police scientifique pour retrouver l’origine des armes, et demandent d’entendre tous les témoins. Les interrogatoires des victimes, dont certaines sont connues des services de police, ont débuté, mais l’enquête pourrait être « longue », d’après M. Dran. « On cherche partout », a souligné le procureur.
« L’attentat terroriste a priori écarté »
Mercredi soir vers 20 h 15, de nombreux clients se trouvaient dans le bar associatif l’Aksehir, dans le quartier Village-Olympique – classé prioritaire de la politique de la ville et situé dans le sud de Grenoble – quand l’attaque est survenue. La déflagration a fait quinze blessés, parmi lesquels six ont été pris en charge en urgence absolue, et « au moins deux » étaient entre la vie et la mort jeudi matin, selon le ministre de la santé, Yannick Neuder, qui a rendu visite aux soignants du CHU de Grenoble, où les blessés ont été hospitalisés.
« Pour l’instant, il n’y a aucune hypothèse qui est privilégiée », mais « l’attentat terroriste, (…) est, a priori, écarté », et un lien avec le trafic de stupéfiants est une hypothèse explorée, a dit à la presse, mercredi soir, le procureur de la République, François Touret de Coucy. « L’enquête se poursuit », a-t-il commenté, jeudi matin, sans vouloir en dire davantage. Le magistrat a évoqué « un acte de violence extrême » qui « peut être lié à un règlement de comptes ». « Beaucoup de clients » étaient présents au moment de l’explosion, selon lui.
Eric Piolle attend une « discussion franche » avec Bruno Retailleau
Les épisodes de violence par armes à feu liés au trafic de drogue sont fréquents à Grenoble et dans sa banlieue, les autorités n’hésitant plus à parler de « guerre des gangs ». Le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, doit effectuer vendredi un déplacement à Grenoble pour aborder le thème de la sécurité, une visite prévue avant l’explosion de mercredi soir. Malgré ses précédents « échanges tendus » avec le ministre, le maire de Grenoble, l’écologiste Eric Piolle, espère une « discussion franche » et des « réponses » de sa part.
Cette attaque « inqualifiable » relève d’une « violence d’un genre nouveau », a noté le maire lors d’un point presse jeudi après-midi. Elle renforce son « inquiétude », et celle des habitants, de voir survenir des « actes d’une grande violence, maintenant à toutes les heures de la journée ». « Nous avons besoin clairement de réponses de la part du ministère de l’intérieur », a insisté le maire. Pour l’heure, il y a « échec » sur des critères comme « la place du narcotrafic dans l’espace public, dans la ville, la pression sur les habitants des lieux de deal », a-t-il estimé : « Evidemment, ça donne lieu à des échanges parfois tendus, mais parfois ça n’empêche pas de pouvoir discuter, là on peut au moins essayer de partager des objectifs communs. »
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Accusé par ses adversaires de « laxisme » dans sa politique sécuritaire, M. Piolle a rappelé que, contrairement à ce qu’affirme « une espèce de rumeur publique », Grenoble compte 120 caméras de surveillance, soit « six par kilomètres carrés » et que sa police municipale est équipée « d’armements adaptés à ses missions », avec des bâtons télescopiques, des bombes lacrymogènes et des pistolets à impulsion électrique.
La ville et les communes limitrophes d’Echirolles et de Saint-Martin d’Hères, très affectées par des violences liées au trafic de stupéfiants, réclament de longue date l’installation d’un commissariat de plein exercice à Echirolles, a-t-il également rappelé.