Arnaud Mimran, l’ex « golden boy » devenu escroc à la taxe carbone et incarcéré depuis 2016, va comparaître aux assises de Paris pour deux meurtres, une complicité d’assassinat et une tentative de meurtre ayant visé des proches entre 2010 et 2014, a appris l’Agence France-Presse (AFP) de sources proches du dossier, confirmées par le parquet, vendredi 11 avril.
La première affaire concerne un des proches d’Arnaud Mimran, Samy Souied, autre figure majeure de la « taxe carbone », tué en septembre 2010 de plusieurs balles à Paris par deux personnes à scooter. Ce jour-là, selon l’ordonnance consultée par l’AFP, peu de personnes savaient que Samy Souied était à Paris. Parmi celles-ci, Arnaud Mimran, qui lui a remis une bague en le retrouvant porte Maillot, un acte qui aurait permis aux sicaires d’identifier la future victime.
M. Mimran est ensuite mis en cause pour la complicité d’assassinat de son ancien beau-père, le milliardaire Claude Dray, dans son hôtel particulier de Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), en octobre 2011. L’homme de 53 ans est suspecté d’avoir aidé « sciemment » ceux qui ont perpétré le crime en leur « donnant des instructions », des « informations » et des « moyens indispensables », selon l’ordonnance.
Des relations « globalement exécrables » avec Marco Mouly
Les investigations ont établi un « double mobile », « financier et encore plus personnel », faisant d’Arnaud Mimran « la personne qui avait le plus intérêt au crime et de loin », vu le niveau de détestation atteint entre le milliardaire et son ex-gendre.
Dernier acte, avril 2014, la mort d’Albert Taieb, tué « à coups de couteau par deux individus » à Paris. Cet « homme sans histoires et apprécié de tous » a été la probable « victime collatérale » d’une tentative de meurtre visant Cyril Mouly qu’il raccompagnait chez lui.
Arnaud Mimran avait une dette envers ce cousin de Marco Mouly, autre tête d’affiche de la fraude à la taxe carbone, et entretenait avec lui des relations « globalement exécrables ». Pour chacun de ces faits, les juges dressent des « lourdes charges », estimant qu’Arnaud Mimran avait « le mobile le plus convaincant » et qu’il avait réalisé des actes « conspiratifs ».
Sentiment de « toute-puissance et une absence de limites »
Les magistrats instructeurs reconnaissent que leur enquête « n’a pas permis d’identifier avec suffisamment de certitude les individus » impliqués, mais soulignent qu’Arnaud Mimran, dont les avocats n’ont pas répondu à l’AFP, pouvait être en relation avec des « hommes de main » et était en mesure de leur « offrir ou de [leur] promettre de très fortes rémunérations ». « Maintenant s’ouvre le temps du procès », s’est félicité David-Olivier Kaminski, avocat de plusieurs parties civiles.
Newsletter
« A la une »
Chaque matin, parcourez l’essentiel de l’actualité du jour avec les derniers titres du « Monde »
S’inscrire
Une expertise psychiatrique a dépeint Arnaud Mimran, né en février 1972 dans une famille dont le père a fait fortune dans le BTP, comme un homme d’un « égocentrisme majeur », qui connaît un sentiment de « toute-puissance et une absence de limites ».
Le parcours de cet homme à la personnalité sulfureuse a été au cœur d’une série à succès de Xavier Giannoli diffusée par Canal+, D’argent et de sang, inspirée du livre éponyme du journaliste Fabrice Arfi.
Arnaud Mimran a été mis en cause pour des délits d’initiés dans les années 2000, puis a multiplié les ennuis judiciaires, avec sa première condamnation majeure en 2016 pour « l’escroquerie du siècle » sur le marché des quotas d’émissions de CO2 en 2008-2009.
L’escroquerie, qui a prospéré entre 2008 et 2009, consistait à acheter des quotas d’émission de CO2 hors taxe dans un pays étranger, avant de les revendre en France à un prix incluant la TVA, puis d’investir les fonds dans une nouvelle opération. La TVA, elle, n’était jamais reversée à l’Etat.
En décembre 2022, M. Mimran a été condamné en appel à treize ans de réclusion criminelle pour l’enlèvement, la séquestration et l’extorsion subie par un financier suisse en 2015.
Deux hommes, Brice K. et Djoudi Khider, également mis en cause pour le meurtre de Samy Souied, ont finalement fait l’objet d’un non-lieu. Djoudi Khider sera jugé en correctionnelle pour des infractions aux armes.