Plus de trois mois après avoir été mise en cause, l’agence Associated Press (AP) répond au documentaire The Stringer (« le pigiste »). Fin janvier, la projection du film signé Bao Nguyen au Festival de Sundance avait mis le monde du photojournalisme en ébullition car il contestait la paternité d’une des photos les plus célèbres du monde, celle de « la petite fille au napalm » (1972). Le documentaire affirmait que cette image, symbole des souffrances de la guerre au Vietnam, n’avait pas été prise par le photographe vietnamien Nick Ut, de l’agence AP, et lauréat du prix Pulitzer, mais par un autre photographe vietnamien indépendant inconnu, Nguyen Thanh Nghe, installé depuis aux Etats Unis.
Mardi 6 mai, l’agence américaine a livré une enquête très fouillée publiée dans un document de près de 96 pages. Et livré ses conclusions : même si le film soulève des questions troublantes, il n’y a pas assez de preuves, selon elle, pour affirmer que le photographe Nick Ut n’est pas l’auteur de la photo. Elle continuera donc de lui attribuer l’image.
Pour répondre aux arguments du film, l’équipe d’AP a épluché des documents inédits : toutes les images prises sur les lieux, à Trang Bang, au Vietnam, le 8 juin 1972, et figurant dans les archives d’AP (soit 84 négatifs), ainsi que les photographies non publiées du journaliste américain David Burnett, qui travaillait alors pour le New York Times. Mais c’est surtout en étudiant les appareils de Nick Ut, dont le Leica censé avoir pris la célèbre photo, que l’agence est parvenue à une conclusion étonnante, qui apporte de l’eau au moulin du film.
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