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Histoires Web lundi, septembre 16
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En 1897, l’auteur britannique H. G. Wells publie son roman le plus célèbre, L’Homme invisible. Le personnage principal y invente un sérum permettant de rendre son corps transparent. Le principe en est simple : contrôler l’indice de réfraction de ses cellules afin de le rapprocher de celui de l’air. Les rayons lumineux traversent donc les différents milieux sans déceler la moindre frontière. Et Griffin devient invisible. De la pure science-fiction, naturellement.

C’est pourtant appuyée sur la même théorie qu’une équipe américaine vient de mettre au point une méthode permettant de rendre une souris partiellement transparente. Issue de deux laboratoires de l’université Stanford, elle annonce, dans un article publié le 5 septembre dans la revue Science, être parvenue à voir à travers la peau des rongeurs grâce à l’application locale d’un simple colorant.

Vous ne connaissez sans doute pas la tartrazine. Pourtant, vous en avalez depuis longtemps. Le jaune orangé dans les sodas, dans les bonbons ou encore dans les chips et les tacos, c’est elle, dissimulée sous le nom de code E102. Les chercheurs californiens se sont aperçus qu’en badigeonnant la peau d’une souris préalablement rasée, celle-ci prenait une teinte rouge, comme on pouvait s’y attendre, mais qu’en plus elle devenait transparente.

Ce « tour de magie apparent », comme le décrit le physicien Zihao Ou, premier auteur de l’article, postdoctorant à Stanford pendant la recherche et désormais maître de conférences à l’université du Texas à Dallas, reprend l’idée de Wells. « La peau est un mélange complexe d’eau − à l’indice de réfraction bas − et de lipides et protéines − à haut indice de réfraction », détaille-t-il. Rappelons que l’indice de réfraction mesure la capacité d’un milieu à ralentir ou à dévier un rayon lumineux. Selon qu’un rayon touche l’eau ou les lipides et protéines, il prend donc une direction différente. Comme dans un épais brouillard (air et eau) ou un mélange d’eau et d’huile, il est impossible de voir à travers. « En ajoutant le colorant, le milieu aqueux voit son indice de réfraction augmenter pour se rapprocher de celui des lipides et des protéines », poursuit le chercheur. Et le tour est joué.

Une opération spectaculaire et réversible

Si bien que l’on arrive à ce résultat pour le moins contre-intuitif que pour obtenir de la transparence, les chercheurs ont réduit la diffusion de la lumière dans l’eau. Un peu comme s’ils avaient ajouté de l’encre dans l’eau pour l’éclaircir… « Jusqu’ici, on avait essayé de faire l’inverse, purifier l’eau en retirant les lipides, explique Alain Chédotal, chercheur à l’Institut de la vision, à Paris, qui a développé des méthodes d’étude des embryons par transparence. Mais ça ne marchait que sur des tissus prélevés. Ce qu’ils proposent est à la fois très original et très simple. »

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