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C’était il y a près de dix mois. Dans la nuit du 29 au 30 octobre 2024, des pluies torrentielles sur le sud-est de l’Espagne et des coulées de boue emportent tout dans la région de Valence. Les maisons, les rues, les voitures… et les souvenirs. Parmi les objets jonchant les trottoirs, des photos de famille, déchirées, détrempées, mêlées aux gravats. Les traces de milliers de vies, balayées. Mais des dizaines de volontaires et des spécialistes de la restauration des biens culturels se sont hâtés de sauver ces images qui semblaient irrécupérables et de restituer aux sinistrés un pan de leur mémoire engloutie.
« Les premiers jours, les rescapés de la catastrophe jetaient tout. Il fallait nettoyer au plus vite la boue toxique, et, dans l’urgence, ils pensaient que leurs photos étaient irrémédiablement perdues », se souvient Ferrando Mira, 23 ans, ancien étudiant en conservation et l’un des nombreux volontaires mobilisés dès les premières heures. « Au début, on était venu simplement aider à lessiver. Et puis on a vu tous ces albums abandonnés. On a commencé à en ramasser, à les glisser dans nos sacs, en notant les adresses. Mais il y en avait trop. On a dû les emmener dans des chariots de supermarché. »
Les inondations provoquées par cette DANA (acronyme pour depresion aislada en niveles altos, « dépression isolée à des niveaux élevés ») ont fait 236 morts, dont 228 dans la seule région de Valence. Malgré le chaos des premiers jours, le département de Conservation et de Restauration des biens culturels de la faculté des beaux-arts de l’université polytechnique de Valence lance un appel sur les réseaux sociaux, relayé par des tracts distribués aux habitants : « Ne jetez pas vos photos. » Bientôt, des volontaires et des habitants apportent des albums, couverts de boue toxique – des substances chimiques ayant été libérées dans l’inondation –, gonflés par l’humidité, envahis de moisissures.
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