L’Union européenne a promis, mardi 11 février, une réponse ferme à l’imposition dans un mois de droits de douane massifs et généralisés sur l’acier et l’aluminium entrant aux Etats-Unis, y compris de pays qui en étaient auparavant exemptés. Le président américain a signé lundi soir deux décrets. « Aujourd’hui, je simplifie nos droits de douane sur l’acier et l’aluminium afin que tout le monde comprenne ce que cela signifie. C’est 25 %, sans exception ou exemption. Et c’est tous les pays », a-t-il dit à la presse à la Maison Blanche.
« Les droits de douane injustifiés imposés à l’UE ne resteront pas sans réponse : ils donneront lieu à des contre-mesures fermes et proportionnées », a réagi mardi la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, tandis que le chancelier allemand, Olaf Scholz, à la tête de la première économie de la zone euro, a dit que, « si les Etats-Unis ne nous laissent pas d’autre choix, l’Union européenne réagira ensemble ».
Evoquant des risques pour la « sécurité nationale », le président américain a précisé, dans des décrets, l’application des nouvelles règles « à partir du 12 mars ». Les textes imposent à partir de cette date des droits de douane relevés à 25 % sur l’acier et l’aluminium d’où qu’ils viennent, y compris de partenaires économiques qui bénéficiaient auparavant d’exemptions, comme le Canada, le Mexique ou l’Union européenne.
« Toutes les importations d’articles en acier (…) provenant d’Argentine, d’Australie, du Brésil, du Canada, des pays de l’Union européenne, du Japon, du Mexique, de la Corée du Sud et du Royaume-Uni » sont concernées, précise l’un de ces textes, tandis que l’autre vise « toutes les importations d’articles en aluminium et dérivés de l’aluminium provenant d’Argentine, d’Australie, du Canada, du Mexique, des pays de l’Union européenne et du Royaume-Uni ».
Dans son argumentaire, Donald Trump accuse certains de ces pays de servir de plaque tournante pour réexpédier vers les Etats-Unis de l’acier ou de l’aluminium en provenance de Chine. « Certains pays ont accueilli des investissements de pays comme la Chine, cherchant à exploiter les accords pour obtenir un accès préférentiel au marché américain », écrit le président américain dans son décret sur l’acier. « Les producteurs chinois profitent de l’exclusion générale du Mexique des droits de douane pour acheminer l’aluminium chinois vers les Etats-Unis via le Mexique », écrit-il dans celui sur l’aluminium.
« Coup dévastateur »
Ces mesures affecteraient particulièrement le Canada, principal fournisseur d’acier et d’aluminium des Etats-Unis. « Nous travaillerons avec l’administration américaine au cours des prochaines semaines pour mettre en évidence les impacts négatifs de ces droits de douane inacceptables sur les Américains et les Canadiens », a déclaré M. Trudeau à l’Agence France-Presse en marge du sommet sur l’intelligence artificielle à Paris. « Et si cela s’avère nécessaire, notre réponse sera bien sûr ferme et claire », a-t-il prévenu.
« L’acier et l’aluminium canadiens sont utilisés dans un certain nombre d’industries américaines clés, qu’il s’agisse de la défense, de la construction navale, de l’industrie manufacturière, de l’énergie ou de l’automobile », a-t-il fait valoir.
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Le Brésil, le Mexique et la Corée du Sud sont aussi d’importants fournisseurs d’acier. La fédération de l’acier au Royaume-Uni, UK Steel, s’est inquiétée d’un « coup dévastateur » pour un secteur déjà en perte de vitesse. En Corée du Sud, « le gouvernement s’engage à protéger les intérêts de nos entreprises et à réduire les incertitudes en construisant une relation de proximité avec l’administration Trump et en élargissant nos options diplomatiques », a déclaré le chef de l’Etat par intérim, Choi Sang-mok.
Lors de son premier mandat (2017-2021), Donald Trump avait déjà imposé des droits de douane de 25 % sur l’acier et de 10 % sur l’aluminium. Ces mesures avaient ensuite été levées, pour beaucoup, par lui-même ou par son successeur démocrate, Joe Biden.
Donald Trump a aussi affirmé, dimanche, qu’il annoncerait « mardi ou mercredi » des « droits de douane réciproques », afin d’aligner la taxation des produits entrant aux Etats-Unis sur la manière dont sont taxés les produits américains à l’étranger.