Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, a accusé jeudi 22 mai les pays européens d’« incitation à la haine » après les tirs à Washington qui ont coûté la vie à deux employés de l’ambassade d’Israël. « Il existe un lien direct entre l’incitation à la haine antisémite et anti-israélienne, et ce meurtre. Cette incitation est également le fait de dirigeants et de responsables de nombreux pays et organisations internationales, particulièrement en Europe », a déclaré M. Saar lors d’une conférence de presse à Jérusalem.
Deux employés de l’ambassade israélienne aux Etats-Unis ont été tués devant le musée juif de Washington mercredi soir, ont annoncé les autorités américaines, faisant état de l’arrestation du tireur présumé, qui appelait à « libérer la Palestine ».
De nombreux dirigeants européens ont exprimé leur indignation et qualifié l’attaque d’« antisémite ». « La haine, l’extrémisme et l’antisémitisme n’ont pas et ne devraient pas avoir de place dans nos sociétés », a réagi sur X la cheffe de la diplomatie de l’Union européenne, Kaja Kallas, qui s’est dite « choquée ». Le chancelier allemand, Friedrich Merz, a parlé d’un « acte odieux ».
« Incitation furieuse »
Le premier ministre britannique, Keir Starmer, a dit « condamne[r] fermement » le double meurtre, et appelé à « éradiquer » l’antisémitisme « où qu’il soit ». Le chef de la diplomatie italienne, Antonio Tajani, a condamné « avec force des scènes de terreur et violence ». « Au président [israélien] Isaac Herzog, j’ai adressé nos pensées pour les familles et les proches des victimes », a écrit Emmanuel Macron sur X, évoquant lui aussi une « attaque antisémite ».
Le président israélien s’est dit « bouleversé ». « Il s’agit d’un acte odieux de haine, d’antisémitisme », a-t-il ajouté dans un communiqué. De son côté, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, a évoqué sur Telegram un « meurtre antisémite choquant ». « Nous constatons le terrible prix de l’antisémitisme et l’incitation furieuse [à la violence] contre l’Etat d’Israël », a-t-il ajouté.
Des membres d’extrême droite du gouvernement israélien ont également réagi. Le ministre des finances, Bezalel Smotrich, a établi un lien entre la fusillade et « la même haine antisémite brûlante » qui, selon lui, avait alimenté l’attaque du Hamas en octobre 2023, qui a déclenché la guerre à Gaza.
« Politiciens infâmes en Israël même »
Le ministre de la sécurité nationale, Itamar Ben Gvir, a accusé ceux qui, en Israël, critiquent le gouvernement pour son offensive à Gaza, d’alimenter l’antisémitisme à l’étranger. « Malheureusement, les antisémites du monde entier tirent leur inspiration de politiciens infâmes en Israël même (…). Le sang des victimes est sur leurs mains », a-t-il affirmé sur Telegram.
Ces propos visent apparemment Yaïr Golan, chef de file de la gauche israélienne, qui avait récemment dit qu’« un pays sain n’a pas pour hobby de tuer des bébés », dans le contexte de la guerre à Gaza. Jeudi, M. Golan a répliqué sur X, estimant que c’est en réalité le gouvernement de M. Nétanyahou qui « alimente l’antisémitisme et la haine envers Israël (…), mettant en danger chaque juif à travers le monde ».