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Histoires Web mercredi, janvier 8
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De quand la prise de conscience par le Vatican de l’ampleur des violences sexuelles commises par des clercs date-t-elle ? L’historienne Agnès Desmazières publie Sans loi ni foi. Prêtres et violences sexuelles : au cœur du système catholique (Editions Payot, 2024), une plongée inédite dans les archives du Saint-Office.

Cet organe du Vatican, héritier de l’Inquisition et ancêtre de l’actuel dicastère pour la doctrine de la foi, dispose d’un tribunal chargé de juger les atteintes à la foi ou aux mœurs catholiques les plus graves, dont certains crimes sexuels commis par des prêtres. Dans un entretien au Monde, elle nous fait part de ses découvertes, et appelle la puissance publique à ne pas laisser le sujet des violences sexuelles entre les seules mains de l’Eglise.

Votre enquête démarre au début du XXe siècle, avec des courriers internes au Vatican évoquant, déjà, une « pluie ininterrompue » de témoignages sur des crimes sexuels commis par des prêtres. Comment l’Eglise a-t-elle alors réagi ?

Entre 1908 et 1914, environ 170 dénonciations de clercs prédateurs arrivent chaque année au Saint-Office. Il y a alors un début de prise de conscience par Rome de l’ampleur du phénomène. Certains parlent de « déluge », même si cela se limite encore aux agressions commises durant le sacrement de confession, seul crime sexuel à relever de la juridiction du Saint-Office à l’époque.

Le Saint-Office ne parvient pas à gérer un nombre de cas qu’il juge déjà massif. En réaction, il publie, en 1922, une nouvelle « instruction », un texte normatif destiné à juger ces « crimes de sollicitation » – les violences sexuelles commises durant la confession. Le texte encourage les évêques à se saisir de ce sujet, à intenter des procès et à mener des investigations ; il confirme l’imposition faite à tous les catholiques de dénoncer ces crimes aux autorités ecclésiales. On identifie à l’époque plutôt des victimes femmes, souvent jeunes et célibataires. Mais cette nouvelle instruction décrit également la procédure à suivre en cas de violences sexuelles commises sur des enfants.

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