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Les semaines se suivent et les tensions entre l’Algérie et la France ne cessent de s’aggraver. Deux jours après l’attentat de Mulhouse, le premier ministre, François Bayrou, a chargé l’Algérie, jugeant « inacceptable » le refus d’Alger de reprendre son ressortissant, avant qu’il ne tue un homme et en blesse cinq autres samedi 22 février au soir à Mulhouse. « Il avait été présenté dix fois aux autorités algériennes pour que son pays d’origine accepte que nous le renvoyions chez lui. Les dix fois, la réponse a été non », a dénoncé François Bayrou, en marge d’une visite au Salon de l’agriculture, à Paris.

Pourtant, le suspect, interpellé en plein passage à l’acte, n’était pas à son premier fait d’armes : « arrivé illégalement » en France en 2014, selon le ministre de l’intérieur, Bruno Retailleau, cet homme de 37 ans avait récemment purgé une peine de prison pour apologie du terrorisme. « Imaginez la situation si elle était inversée. (…) Qu’est-ce que diraient les autorités algériennes ? », a insisté le premier ministre. L’heure est maintenant à « préparer [et] prendre les décisions pour que le gouvernement et les pouvoirs publics algériens comprennent quelle est la détermination de la France », a-t-il ajouté.

Allusion au conseil interministériel de contrôle de l’immigration prévu mercredi 26 février. Une réunion programmée avant l’attentat, où l’Algérie devrait désormais s’imposer comme le sujet central. La porte-parole du gouvernement, Sophie Primas, a évoqué certaines des mesures de rétorsion envisagées : « On n’est pas obligé d’avoir des visas en quantité aussi importante », a-t-elle estimé sur RTL, suggérant aussi de « cibler un certain nombre de personnes qui sont importantes dans les relations [franco-algériennes] et ne plus leur donner de visas ».

Abondant dans le même sens, le député macroniste, David Amiel, a considéré sur Franceinfo que « la priorité absolue à court terme » était de « remettre en cause l’accord de 2007 qui prévoit que les dignitaires algériens peuvent se rendre en France sans visa ». Il s’agit de « faire pression sur le régime » en ciblant « la nomenklatura algérienne, pas les citoyens ordinaires », a-t-il ajouté.

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Le RN réclame « un bras de fer diplomatique avec Alger »

Mais dans ce domaine, l’exécutif doit aussi composer avec la surenchère du Rassemblement national (RN), qui juge que « le nombre de visas est excessivement important » et qu’on « pourrait aller jusqu’à [ce] qu’il n’y ait plus aucun visa », comme l’a fait savoir Sébastien Chenu sur BFM-TV et RMC. Le vice-président du parti d’extrême droite a évoqué d’autres leviers concernant « les transferts de fonds, le fait de soigner des dirigeants algériens [en France] », ainsi que la révision de l’accord d’association entre l’Union européenne et l’Algérie − réclamée par le président, Abdelmadjid Tebboune. Bref, « il y a de quoi pouvoir faire pression », a résumé M. Chenu.

Le président du parti, Jordan Bardella, a, lui aussi, réclamé « un bras de fer diplomatique avec Alger », déplorant « une humiliation » de la France. Dès samedi soir à Mulhouse, Bruno Retailleau s’était prononcé pour « le rapport de force » avec l’Algérie « qui n’applique pas un certain nombre d’accords ».

Mais des dissonances se font entendre au sein du gouvernement. « La diplomatie, c’est toute une palette d’outils », a répliqué le ministre des affaires étrangères, Jean-Noël Barrot, dimanche 23 février sur CNews et sur Europe 1. Et le locataire du Quai d’Orsay d’enfoncer le clou : « Ce qui nous intéresse, c’est la sécurité des Français, ce n’est pas le rapport de force pour le rapport de force. » Un couac que François Bayrou s’est empressé de minimiser lundi 24 février : « Le gouvernement français est un » et « n’a qu’une ligne ». Celle-ci doit normalement être tracée par le chef de l’Etat, mais Emmanuel Macron ne s’est, pour l’heure, pas exprimé sur le sujet.

Les relations entre Paris et Alger se sont détériorées depuis l’été 2024, avec l’annonce de l’appui de la France au plan d’autonomie marocain pour le territoire disputé du Sahara occidental. Et les rapports se sont encore tendus ces dernières semaines, avec la détention en Algérie de l’écrivain franco-algérien Boualem Sansal et l’arrestation en France de plusieurs influenceurs algériens pour apologie de la violence. Le déplacement, mardi 25 février, du président du Sénat, Gérard Larcher, au Sahara occidental, ne devrait pas apaiser la colère d’Alger.

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Le Monde avec AFP

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