La juste expression de l’Etat de droit peut-elle mettre la démocratie en danger ? Au lendemain de la condamnation de Marine Le Pen, la présidente du groupe Rassemblement national (RN) à l’Assemblée nationale, unanimement qualifiée de « séisme politique », les éditorialistes du monde entier s’interrogent plus sur ses conséquences que sur son bien-fondé. Pour la plupart, ce jugement ne manquera pas d’attiser la défiance d’une partie croissante de l’opinion à l’égard d’une institution judiciaire soupçonnée de collusion avec les élites dites « libérales », pour profiter in fine au RN.
« A une époque où l’Etat de droit est remis en cause par des dirigeants populistes qui considèrent la justice indépendante comme une menace, ce verdict judiciaire trace une ligne rouge nécessaire et salutaire », juge au Royaume-Uni le Guardian, résumant le sentiment d’une presse attachée à la séparation des pouvoirs et à l’indépendance de la justice, alors que le hongrois Magyar Hirlap, rare voix dissonante en Europe, en dénonce au contraire une « violation », sans toutefois développer.
« La reconnaissance de la culpabilité » de la cheffe de file du RN « et la lourde peine prononcée confirment sa thèse de la victimisation : une élite s’acharne sur elle et son parti, et met un terme à sa carrière politique », mais le soutien électoral dont elle bénéficie « ne la place pas au-dessus des lois », poursuit le quotidien britannique. « Il est toutefois probable que le cœur de l’électorat de Mme Le Pen se ralliera à elle. Le verdict et la condamnation pourraient même renforcer l’assise politique de l’extrême droite », avertit, quant à elle, sa correspondante à Paris, Angelique Chrisafis, à l’unisson de nombre de ses collègues, notamment américains.
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