En langage de banquier central, ça s’appelle crier victoire. « La plupart des indicateurs suggèrent que l’inflation va se stabiliser autour de notre objectif de 2 % », a affirmé, jeudi 5 juin, Christine Lagarde, la présidente de la Banque centrale européenne (BCE). Dans ce monde financier extrêmement prudent, il est rare de prendre moins de précautions oratoires.
L’inflation, qui avait flambé à plus de 10 % en zone euro fin 2022, est désormais officiellement maîtrisée. En mai, elle était de 1,9 % sur les douze mois précédents. Même les tensions persistantes dans le secteur des services semblent refluer : la hausse des prix y est passée de 4 % en avril à 3,2 % en mai. « L’inflation sous-jacente bouge à peine », note Mme Lagarde.
Dans ces conditions, la BCE a annoncé, jeudi, sa huitième baisse de taux d’intérêt en un an, mais elle laisse entendre qu’elle s’approche de la fin. Comme à chaque fois, la réduction est d’un quart de point, désormais à 2 %. Depuis juin 2024, la baisse atteint donc un total de deux points.
Mais ensuite ? « Nous arrivons à la fin d’un cycle monétaire », a répété Mme Lagarde à plusieurs reprises pendant sa conférence de presse. Est-ce un point final aux baisses des taux ? Elle refuse bien entendu de répondre. Chaque décision sera prise « réunion par réunion, en fonction des données économiques », comme elle le dit à chaque fois. Elle se sait l’otage d’événements incontrôlables. Les discussions sur les droits de douane entre les Etats-Unis et l’Union européenne ne sont pas finies et qui sait où elles se concluront ? Une crise financière, venant notamment des Etats-Unis, n’est pas exclue. « Les incertitudes sont élevées », résume Mme Lagarde.
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