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Histoires Web samedi, novembre 16
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Angela Me est cheffe du service de la recherche et de l’analyse des tendances au sein de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC). Elle dirige notamment le rapport mondial sur les drogues publié chaque année par cette institution.

En 2022, près de 300 millions de personnes ont consommé des drogues, selon le dernier rapport annuel de l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime (ONUDC), soit 20 % de plus qu’il y a dix ans. Comment expliquez-vous cette augmentation, compte tenu des moyens accrus mis en œuvre pour combattre les trafics et limiter la consommation ?

La première raison tient à l’augmentation de la population. Nous sommes plus nombreux sur terre, donc plus nombreux à faire toutes sortes de choses et à consommer des drogues. Mais cette hausse est également due en partie à l’accroissement du pourcentage de personnes ayant consommé des drogues. Au cours des dix dernières années, la plupart des drogues ont connu une augmentation de leur consommation à l’échelle de la planète. La cocaïne, notamment, dont la hausse de l’usage est parti­culièrement marquée en Europe, mais pas seulement. Le cannabis aussi connaît une augmentation de sa consommation sur la dernière décennie. Et surtout, nous avons également observé cette année l’augmentation de l’usage de stimulants, en particulier de la méthamphétamine, alors que pour les downers (drogues aux effets sédatifs), le marché est plutôt stable. En Europe, par exemple, mais aussi en Asie du Sud-Est, toute une génération de consommateurs d’héroïne continue de vieillir.

Néanmoins, il n’y a pas vraiment de travaux de recherche qui permettent d’établir une relation de cause à effet entraînant la consommation de drogue. Nous avons identifié bien sûr certains facteurs récurrents, parmi lesquels la santé mentale. L’augmentation des troubles liés à la santé mentale, d’ailleurs particulièrement importante durant le Covid, a des liens avec la consommation et la dépendance aux drogues. Un autre facteur est la disponibilité des substances. Cette offre est toujours liée à la demande, et l’une appelle l’autre, comme un cercle vicieux.

Cet article est tiré du « Hors-Série Le Monde – Les narcotrafiquants : leurs réseaux, leurs crimes, la riposte », novembre-décembre 2024, en vente dans les kiosques ou par Internet en se rendant sur le site de notre boutique.

Ce cercle vicieux dont vous parlez concerne particulièrement la cocaïne. Les chiffres récents, en matière de saisie comme de consommation, montrent que sa diffusion est massive, au sein d’un marché associé à une violence parfois incontrôlable, tant en Amérique du Sud qu’en Europe. Considérez-vous cette substance comme la priorité d’action à l’échelle internationale ?

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