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FRANCE.TV – À LA DEMANDE – DOCUMENTAIRE

« Bouffées de chaleur, fatigue, prise de poids, problèmes pour bander, c’est hyper flippant… Qu’est-ce qu’il m’arrive ? » Rémy Burkel, réalisateur de 61 ans, est assailli de symptômes similaires à ceux de la ménopause. C’est à nu, littéralement, qu’il dévoile ses questionnements et ses angoisses dans son documentaire au titre parlant : Andropause, la grande débandade ? Le ton est donné.

« C’est un sujet difficile, quand un homme ne bande plus, il ne va pas le crier sur tous les toits », dit Jean-Yves, 75 ans passés. « J’ai du mal à m’accepter dans ces moments-là (…), à incarner ce “sauvage”, cette pénétration conquérante », constate-t-il, désarmant de sincérité. Depuis la nuit des temps, la domination masculine est martelée dans l’imaginaire collectif. Aujourd’hui « 40 % des hommes de 40 ans ont déjà des problèmes érectiles. Ça touche un homme sur deux à 70 ans », affirme le docteur Galiano, urologue-andrologue.

« L’identité masculine est très liée au fait de pouvoir avoir une érection », analyse Marie de Hennezel, psychologue. Quand la mécanique se grippe, « les hommes ont très peur de ne plus arriver à faire jouir leur partenaire ». C’est l’essence même de l’homme qui prend un coup, son estime de lui, sa raison d’être. « Les hommes ne viennent pas me consulter pour l’andropause parce qu’ils ne connaissent pas ce mot, affirme Nathalie Giraud Desforges, sexothérapeute. Nombreux se murent dans le silence. »

Une virilité stéréotypée

Valentin raconte son « tsunami émotionnel et sexuel », le regard illuminé, brandissant son poing victorieux. « J’ai rencontré une femme plus jeune, ça a réveillé quelque chose en moi alors que j’avais perdu espoir après un divorce et une libido en berne. » Mais lorsque ses problèmes d’érection ont commencé, il s’est retrouvé « dans l’incapacité d’assumer la relation ». Sa compagne lui reproche avec véhémence son impuissance. « Je m’éteignais, je me recroquevillais. » Il préfère en rire. « Certains de mes amis disent : “A l’andropause, on devient rigide, mais pas là où il faut !” »

Les solutions ? Viagra, Cialis existent… « Je ne vais jamais prendre ça, moi ! », tranche Rémy. Alexandre dit avoir « essayé une fois » (le Viagra) : « Je suis devenu rouge comme un coquelicot, mon cœur s’est mis à battre − pas la chamade −, et même pas d’érection ! Ma compagne a appelé le SAMU ! »

Romain Gary (1914-1980) a été l’un des premiers à traiter la question de l’andropause dans son livre Au-delà de cette limite, votre ticket n’est plus valable (Gallimard, 1975). Le personnage du roman, Jacques, riche industriel approchant la soixantaine, « sent venir la peur de l’impuissance (…). Cette angoisse le mine sournoisement, jusqu’à empoisonner les vrais moments de plénitude qui ne manquent pas dans ses rapports avec la jeune femme », déclara l’écrivain avec son flegme incomparable dans « Apostrophes », devant un public encore peu averti. Pour Rémy Burkel, ce livre est devenu un véritable compagnon de route.

Lire le témoignage de Romain Gary, en 1975, dans « Radioscopie » : Article réservé à nos abonnés « L’absence de féminité dans notre civilisation est effrayante »

Avec empathie et humour, il déboulonne gentiment un mythe fatigué, celui d’une virilité stéréotypée, oppressante, qui délite des intimités alors que des horizons et des solutions existent. A commencer, comme les femmes le font, par mettre un mot sur le processus hormonal, médical, social et intime que connaîtront tous les hommes, à divers degrés : « andropause ».

Andropause, la grande débandade ?, documentaire de Rémy Burkel (Fr., 2024, 57 min). Diffusé dans le cadre du magazine « Infrarouge » et disponible à la demande sur France.tv jusqu’au 23 décembre.

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