Elles s’appellent Carol, Anna et Bonnie. Trois vies en miroir, trois femmes – une mère, sa fille et sa petite-fille – et, de mère en fille, une même douleur, une même sensation de vide intérieur, d’inadaptation au monde. Elles sont au cœur d’Anatomie d’un suicide, une pièce que met en scène Christophe Rauck au Théâtre Nanterre-Amandiers. Laquelle est signée par la Britannique Alice Birch, une autrice de 38 ans que l’on connaissait jusque-là, en France, comme scénariste de (bonnes) séries télévisées, qu’il s’agisse de Normal People, Faux-semblants ou Conversation with Friends.
Alice Birch est également dramaturge, et ses pièces ont été montées dans des institutions aussi prestigieuses que le Royal Court à Londres ou la Schaubühne à Berlin. On s’attendait donc à une découverte aussi enthousiasmante que celle de sa compatriote Lucy Kirkwood, dont les pièces ont donné lieu ces dernières années à des spectacles formidables, mis en scène notamment par Chloé Dabert. Hélas, il n’en est rien. Anatomie d’un suicide a beau se placer sous le patronage d’illustres exploratrices d’une psyché féminine en miettes – Virginia Woolf (1882-1941) ou Sarah Kane (1971-1999), qui se sont toutes deux suicidées –, elle peine à s’approcher de la complexité et de la sensibilité des deux écrivaines anglaises.
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