Plusieurs personnes ont été blessées dans des heurts, jeudi 7 novembre, en marge de la rencontre de Ligue Europa de football entre le club de la ville, l’Ajax Amsterdam, et le Maccabi Tel-Aviv. Cinq personnes ont été brièvement hospitalisées, selon la police néerlandaise, qui a procédé à 62 arrestations. Le premier ministre israélien, Benyamin Nétanyahou, a dénoncé un « effroyable accident » et dépêché des avions de rapatriement, tandis que la mairie d’Amsterdam a dénoncé une « explosion d’antisémitisme ».
Cinq personnes hospitalisées brièvement, 62 arrestations après les heurts de la nuit
« La nuit qui a suivi le match de football (…) a été très mouvementée avec plusieurs incidents violents visant les supporteurs du Maccabi » dans plusieurs endroits de la ville, ont rapporté vendredi matin les autorités néerlandaises. « La police a dû intervenir à plusieurs reprises, protéger les supporteurs israéliens et les escorter jusqu’à leurs hôtels. Malgré la présence policière massive dans la ville, des supporteurs israéliens ont été blessés », a ajouté la même source, en annonçant l’ouverture d’une enquête.
Cinq personnes ont été brièvement hospitalisées, selon la police. Sur les 62 personnes arrêtées, dix – dont deux mineurs – sont toujours en détention, selon le procureur général néerlandais, René de Beukelaer. Lors de la conférence de presse commune de la mairie, de la police et du parquet d’Amsterdam, M. de Beukelaer a déclaré que les dix suspects seraient jugés « lors d’un procès accéléré dans les plus brefs délais ».
Plusieurs vidéos, vérifiées par Le Monde, montrent des affrontements devant la gare centrale d’Amsterdam ; d’autres images montrent des personnes en train de se faire frapper violemment.
Des « incidents des deux côtés » avant le match, selon la police
Jeudi après-midi, une centaine de supporteurs israéliens s’étaient rassemblés sur la place du Dam, entourés d’un important dispositif policier, avant de se rendre au stade Johan-Cruyff à Amsterdam. Un rassemblement propalestinien condamnant la venue du club israélien était initialement prévu aux abords de l’enceinte, mais avait été déplacé un peu plus loin dans le quartier par la mairie pour des raisons de sécurité.
Largement déployée avant le match, la police néerlandaise était sur le qui-vive après qu’un drapeau palestinien a été arraché la veille d’une façade sur une grande avenue du centre-ville. « Les violences avaient déjà débuté mercredi soir entre supporteurs. C’était une nuit avec des incidents des deux côtés. Les partisans du Maccabi ont retiré un drapeau d’une façade du Rokin et ont détruit un taxi. Un drapeau palestinien a été incendié sur le barrage », a déclaré vendredi Peter Holla, le chef de la police à Amsterdam.
Les vidéos que Le Monde a pu identifier montrent un homme arracher un drapeau palestinien d’une façade, tandis qu’un groupe de personnes crient « Fuck you Palestine ». Sur une autre, on entend des chants de supporteurs du Maccabi Tel-Aviv : « Laissons Tsahal gagner pour finir les Arabes ».
Israël réagit vivement et dépêche des avions de rapatriement
En Israël, les autorités ont réagi très vivement, le premier ministre, Benyamin Nétanyahou, disant considérer « l’effroyable incident avec la plus grande gravité » et « exiger [des autorités néerlandaises] d’agir vigoureusement et rapidement contre les émeutiers ».
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L’armée israélienne a annoncé l’interdiction à tous ses personnels de se rendre aux Pays-Bas « jusqu’à nouvel ordre ». Un premier avion transportant des Israéliens évacués d’Amsterdam a atterri vendredi après-midi à l’aéroport international de Tel-Aviv Ben-Gourion, ont annoncé les autorités aéroportuaires israéliennes. Selon la compagnie israélienne El Al, trois vols d’évacuation sont prévus vendredi après-midi, auxquels s’ajoutent deux vols réguliers.
Le chef de la diplomatie israélienne, Gideon Saar, qui doit se rendre d’urgence à Amsterdam, s’est entretenu avec son homologue néerlandais, Caspar Veldkamp, demandant que les autorités néerlandaises assurent la sécurité des supporteurs pour leur transfert vers l’aéroport.
Des heurts qualifiés d’« explosion d’antisémitisme » par la maire d’Amsterdam, indignation internationale
La maire d’Amsterdam, Femke Halsema, qui a annoncé un renforcement des mesures de sécurité ainsi qu’une interdiction temporaire des manifestations dans la capitale, a dénoncé une « explosion d’antisémitisme » qui « n’avait pas été vue depuis longtemps ». De son côté, le premier ministre néerlandais, Dick Schoof, a dénoncé une « terrible attaque antisémite ». « J’ai profondément honte que cela puisse arriver aux Pays-Bas en 2024 », a-t-il déclaré lors d’une brève déclaration à la presse à Budapest en marge d’un sommet européen. « Nous ne le tolérerons pas (…) Nous poursuivrons les auteurs en justice », a-t-il ajouté.
En France, Emmanuel Macron a condamné « fermement » ces violences « qui rappellent les heures les plus indignes de l’Histoire », a-t-il écrit sur X. « La France continuera de lutter contre l’odieux antisémitisme sans relâche », a assuré le chef de l’Etat. Le ministre français chargé de l’Europe, Benjamin Haddad, a exhorté à ne faire preuve d’« aucune faiblesse, aucune lâcheté face à l’antisémitisme », dénonçant sur X « une chasse aux Juifs sur le sol européen ».
L’ex-premier ministre, Gabriel Attal, président du groupe macroniste à l’Assemblée nationale, a également commenté des « images effroyables » qui confirment « que l’antisémitisme le plus débridé a cours » dans « nos sociétés occidentales ». Laurent Wauquiez, président du groupe des députés La Droite Républicaine, a évoqué « un pogrom (…) dans les rues d’une capitale européenne ». L’extrême droite a été parmi les premières à réagir. « Il faut se montrer implacable face à ce déchaînement de violence antisémite qui souille et déshonore l’Europe », a écrit la cheffe de file des députés RN, Marine Le Pen. « S’il y a eu des agressions (…), elles sont inacceptables », a commenté Manuel Bompard sur Cnews/Europe 1, le coordinateur de La France insoumise (LFI), assurant avoir vu « aussi circuler des images » de « provocations racistes » de la part de supporteurs israéliens.
L’ONU et l’UE ont également exprimé leur indignation. « Nous avons vu ces informations très perturbantes. Personne ne devrait être soumis à la discrimination ou à la violence sur la base de son origine nationale, religieuse, ethnique ou autre », a déclaré vendredi Jeremy Laurence, un porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme.
De son côté, la présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, s’est dite « indignée » par ces « attaques ignobles » et « inacceptables ». « L’antisémitisme n’a absolument pas sa place en Europe », a réagi la cheffe de l’exécutif européen sur X.
La tenue du match France-Israël prévu jeudi au Stade de France en débat
Une question est maintenant sur toutes les lèvres : faut-il maintenir le match de Ligue des nations qui doit opposer la France à Israël jeudi au Stade de France ? Manuel Bompard sur Cnews/Europe 1, et d’autres voix notamment chez LFI, demandent son annulation. D’autres proposent plutôt sa délocalisation.
Renoncer « reviendrait à abdiquer face aux menaces de violence et face à l’antisémitisme », a répondu le ministre de l’Intérieur Bruno Retailleau sur X, demandant au Préfet de police de « prendre les dispositions de sécurité nécessaires » pour le maintenir au Stade de France. « Avec toutes les mesures de sécurité qui s’imposent pour éviter une nuit de violences, Bruno Retailleau a raison de vouloir maintenir le match », a estimé le président LR de la région des Hauts-de-France, Xavier Bertrand.