L’ONG Amnesty International appelle, jeudi 6 mars, à un traité mondial pour encadrer les armes à impulsion électrique, jugeant que le manque de réglementation permet « une utilisation abusive » de ces équipements par les forces de l’ordre dans le monde.
« Des Etats et des entreprises fabriquent, promeuvent et vendent des équipements à impulsion électrique qui sont utilisés pour commettre des actes de torture et d’autres mauvais traitements », dénonce l’ONG dans un rapport.
« Les armes à impulsion électrique par contact direct doivent être interdites immédiatement et les pistolets à impulsion électrique doivent faire l’objet de contrôles stricts des exportations, fondés sur le respect des droits humains », plaide Patrick Wilcken, chercheur au sein de l’équipe Armée, sécurité et maintien de l’ordre à Amnesty.
Amnesty s’est penchée sur l’utilisation des armes par contact direct, comme les matraques et pistolets paralysants, par les forces de l’ordre. Elles ont servi contre des manifestants, des opposants politiques, des défenseurs des droits humains, indique l’ONG. « Les armes à impulsion électrique par contact direct peuvent provoquer des souffrances intenses et, sur le long terme, une invalidité physique et une grande détresse psychologique », souligne Patrick Wilcken. « Une utilisation prolongée peut même causer la mort », a-t-il ajouté.
« Usage injustifié et discriminatoire »
L’organisation pointe aussi « l’utilisation croissante » des pistolets à impulsion électrique – pouvant être utilisés à distance – qui « peuvent jouer un rôle légitime » dans les opérations de maintien de l’ordre mais sont « souvent employés à mauvais escient ».
Amnesty dénonce « un usage injustifié et discriminatoire contre des catégories vulnérables de la population » et juge que leur utilisation « en mode contact » devrait être interdite. L’ONG rapporte plusieurs exemples provenant de différents pays.
En Iran, lors du soulèvement « Femme, vie, liberté » qui a éclaté en septembre 2022, après la mort en détention de la jeune Mahsa Amini, arrêtée pour une infraction au port du voile obligatoire, des jeunes garçons et des détenus ont reçu des décharges électriques sur leurs parties génitales de la part de militaires.
En Lituanie, un détenu originaire d’Afrique subsaharienne a déclaré avoir reçu « trois fois » des décharges de « pistolets Taser » par des gardes-frontières, tout en étant frappé avec des matraques.
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Aux Etats-Unis, en avril 2024, des policiers « ont été filmés en train d’utiliser un pistolet Taser en mode “contact” sur la jambe d’un manifestant noir qui était menotté et maintenu au sol par trois agents », rapporte Amnesty.
Selon le rapport, quelque 200 entreprises ont « fabriqué ou promu » des équipements à impulsion électrique par contact direct pour les forces de l’ordre. La plupart sont basées en Chine, aux Etats-Unis, en Inde, à Taïwan et en France, selon Amnesty.