A quel point une affection neurodégénérative comme la maladie d’Alzheimer bouscule-t-elle les liens familiaux et en particulier les relations parents-enfants ? Comment, pour les premiers, accepter la perte d’autonomie, le renversement progressif de la hiérarchie familiale, eux qui deviennent l’enfant de leur enfant ? Et comment, pour les seconds, gérer l’impuissance à changer le cours des choses, l’épuisement d’une aidance de plus en plus intense, la culpabilité d’une décision de placement lorsque la dépendance de son proche devient trop lourde ? Comment, finalement, continuer à aimer sans faille ce parent que l’on ne reconnaît pas plus que lui ne vous reconnaît ?
Ces questions existentielles et du quotidien, auxquelles sont confrontées des millions de familles, intéressent de plus en plus les chercheurs en sciences humaines et sociales. Mais elles sont aussi explorées, de manière plus ou moins personnelle, par les artistes : écrivains, metteurs en scène…
La pièce de théâtre Tous les chiens sont roses, qui se joue au théâtre Essaïon, à Paris, aborde toutes ces thématiques sous forme d’un huis clos sensible et intense. L’auteur et acteur Cédric Ingard incarne José, qui s’affaire à vider la maison familiale emplie des meubles et des souvenirs de sa mère, Suzie, quand celle-ci (Sylvie Fiora) lui apparaît. Joyeuse, elle virevolte entre des draps blancs qui constituent l’essentiel du décor. Entre moments de tension (beaucoup) et de complicité, la pièce invite à partager ces retrouvailles oniriques, à la fois tristes et joyeuses, pesantes et légères.
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