Un réfugié syrien, âgé de 19 ans, est soupçonné d’avoir grièvement blessé un Espagnol, vendredi soir, dans l’enceinte du Mémorial de l’Holocauste, à Berlin, pour un motif religieux, ont annoncé la police et le parquet dans un communiqué publié samedi 22 février.
Le suspect « aurait mûri depuis plusieurs semaines le projet de tuer des juifs » et « c’est dans ce contexte que le lieu du crime aurait été choisi », précise le communiqué. Lors de son arrestation, l’assaillant présumé « avait dans son sac à dos un tapis de prière, un Coran, une feuille de papier avec des versets du Coran (…) et l’arme présumée du crime, ce qui laisse supposer une motivation religieuse », selon la même source.
L’acte aurait également « un lien avec le conflit au Proche-Orient », ajoutent police et parquet. L’agression a été commise vers 18 heures, et la victime a reçu « plusieurs coups dans la partie supérieure du corps », a priori à l’aide d’un couteau. Elle a été transportée à l’hôpital pour y être opérée. Son état était « stable » vendredi, selon la police. Six témoins de l’agression, en état de choc, ont par ailleurs été pris en charge par les secours.
A deux jours des élections législatives
Le suspect avait pris la fuite avant de revenir trois heures plus tard sur les lieux de l’agression où il s’était dirigé vers les forces de l’ordre, qui ont remarqué ses mains et son pantalon tachés de sang et l’ont arrêté. Le parquet et la police présentent cet homme comme un Syrien arrivé en Allemagne en 2023 en tant que réfugié mineur non accompagné, séjournant légalement dans le pays après avoir reçu un titre de séjour. Il est domicilié à Leipzig.
Cette attaque est « un crime odieux et brutal », a écrit la ministre de l’intérieur allemande, Nancy Faeser, dans un communiqué. « Nous devons partir du principe qu’il s’agit d’un acte antisémite, et ce au Mémorial des Juifs assassinés d’Europe, un lieu d’avertissement et de mémoire », a-t-elle ajouté. Inauguré en 2005, en plein centre de la capitale allemande, près de la porte de Brandebourg et de l’ambassade des Etats-Unis, le Mémorial commémore, avec plus de deux mille stèles de béton, le souvenir des millions de juifs exterminés par le IIIe Reich.
« L’auteur de cet acte doit être puni avec toute la sévérité de la loi et être expulsé directement » après la prison, a déclaré la ministre de l’intérieur. L’expulsion d’étrangers auteurs d’infractions a été l’un des thèmes récurrents des débats entre les principaux candidats aux élections législatives organisées dimanche pour lesquelles les conservateurs partent largement favoris.
L’agression intervient dans un contexte pesant en Allemagne. Depuis le déclenchement de la guerre à Gaza, la multiplication des délits antisémites inquiète particulièrement dans le pays, alors qu’il a, en raison de la Shoah, élevé le soutien à Israël au rang de raison d’Etat. Vendredi, la police avait fait état de l’arrestation d’un ressortissant russe de 18 ans soupçonné d’avoir projeté un « attentat à motivation politique » à Berlin. Et, au début de septembre, la police allemande avait abattu un jeune Autrichien connu pour ses liens avec l’islam radical alors qu’il s’apprêtait à commettre un attentat contre le consulat général d’Israël à Munich.
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Le climat est très polarisé dans l’opinion allemande à la suite de plusieurs agressions meurtrières et attentats qui ont jalonné la campagne électorale. Le parti d’extrême droite Alternative pour l’Allemagne (AfD), qui accuse le gouvernement de laxisme face à l’insécurité, surfe sur les inquiétudes dans la population. Les derniers sondages prédisent à l’AfD plus de 20 % des suffrages, en deuxième position derrière l’opposition conservatrice, à environ 30 %.