Le chancelier allemand, Olaf Scholz, posera dans un mois, le 16 décembre, la question de confiance qui doit formellement entraîner la dissolution du Bundestag. Mais il ne fait aucun doute que la campagne pour les élections législatives – prévues le 23 février 2025 – a déjà commencé. Une semaine après l’éclatement de sa coalition, au pouvoir depuis 2021, le chancelier social-démocrate (SPD), âgé de 66 ans, candidat à sa propre succession, et son principal rival, le conservateur chrétien-démocrate Friedrich Merz (CDU), se sont affrontés directement devant les députés, mercredi 13 novembre. Ce qui devait être une simple déclaration du chef du gouvernement au Bundestag s’est transformé en joute électorale entre les prétendants à la chancellerie et les chefs des partis, qui se sont succédé à la tribune pendant près de trois heures.
Au lendemain des élections américaines, une crise politique s’est ouverte après qu’Olaf Scholz a décidé de limoger son ministre des finances, le libéral Christian Lindner (FDP) dans la soirée du 6 novembre, au terme d’une énième réunion de conciliation infructueuse sur le budget. Les désaccords idéologiques de fond entre le chef du gouvernement et son ministre des finances autour des priorités à financer alors que l’économie ralentit ont conduit à l’explosion de la coalition liant le SPD, les Verts et le FDP. Et avec elle à des élections législatives anticipées.
Initialement prévues le 28 septembre 2025, elles se tiendront le 23 février 2025, selon un calendrier serré ayant fait lui-même l’objet d’une âpre négociation entre un chancelier favorable à des élections tardives, et une CDU désireuse de profiter de l’impopularité du gouvernement. Personne ne semble toutefois vraiment préparé pour la campagne éclair qui démarre. « La courte campagne électorale sera épuisante », a prévenu le président du groupe SPD, Rolf Mützenich, mercredi, à la tribune du Bundestag.
Un appel à faire des compromis
L’intervention d’Olaf Scholz, qui s’exprimait devant les députés pour la première fois depuis le 6 novembre, était très attendue. Ces derniers jours, il s’était vu reprocher la virulence de ses propos à l’encontre de son ministre des finances, un ton très inhabituel pour celui dont les prises de parole sont réputées monotones et dépassionnées, ce qui lui a valu le sobriquet de « Scholzomat ». Mercredi, le chef du gouvernement s’est donc efforcé de jouer l’apaisement et de prendre de la hauteur, espérant se différencier de son principal adversaire, réputé agressif, et dont la faiblesse est de n’avoir jamais exercé de fonctions exécutives en politique.
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