Jusqu’où Elon Musk portera-t-il son influence dans la campagne électorale allemande ? Le milliardaire semble en tout cas résolu à jouer un rôle actif dans les débats, à moins de douze semaines des élections législatives anticipées du 23 février 2025. Dix jours après avoir affiché son soutien pour le parti d’extrême droite AfD (Alternative pour l’Allemagne) sur son réseau social X, il a fait paraître une tribune, samedi 28 décembre, dans Welt am Sonntag, l’édition dominicale du journal conservateur-libéral Die Welt (groupe Axel Springer, également éditeur de Bild et Politico), où il explique ses positions. Le texte, accompagné d’une réponse contradictoire rédigée par le rédacteur en chef du journal, a déclenché une large polémique outre-Rhin.
Contrairement à ses publications sur X, lapidaires, Elon Musk a pris, cette fois, le temps d’argumenter, justifiant son ingérence dans le débat public allemand par son statut d’investisseur – son groupe Tesla exploite à Grünheide, à côté de Berlin, la seule usine européenne du constructeur automobile. Il estime que l’Allemagne est « au bord de l’effondrement économique et culturel » et que « l’AfD est la seule étincelle d’espoir pour [le] pays ».
Ce soutien est d’autant plus problématique qu’il donne au parti un vernis « respectable », renforçant un flou croissant outre-Rhin entre les positions libérales classiques et celles de l’extrême droite. Les seules revendications du parti qu’il cite dans son texte sont aussi au cœur des programmes de l’Union chrétienne-démocrate (CDU et CSU) et des Libéraux du FDP, comme la baisse des impôts et la dérégulation, le renforcement du contrôle sur l’immigration et la réforme de la politique énergétique en faveur du nucléaire.
Mais le milliardaire soutient que seule l’AfD est digne de confiance, les autres partis « ayant échoué ». « A ceux qui condamnent l’AfD comme extrémiste, je dis : “Ne vous laissez pas troubler par l’étiquette qui lui est collée” », écrit-il. Il en veut pour preuve que la candidate de l’AfD à la chancellerie, Alice Weidel, est en couple avec une femme sri-lankaise. « Est-ce que cela vous fait penser à Hitler ? Please ! », argumente-t-il, passant sous silence les appels du parti à la déportation d’étrangers vivant en Allemagne, sa proximité assumée avec la Russie, ainsi que les liens de certains de ses membres avec la droite radicale xénophobe et antisémite.
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