Alina Szapocznikow (1926-1973) est une artiste majeure de la seconde moitié du XXe siècle. Dans son œuvre de sculptrice et de dessinatrice, elle invente un langage plastique singulier et d’une puissance paroxystique. Son expression est directe, violente, à peine supportable parfois. Tout entier consacré au corps humain, féminin principalement, son travail en renouvelle la représentation. Dès l’entrée du Musée de Grenoble, on en est prévenu en se heurtant à la Machine en chair (1963-1964), noire créature destinée à dévorer tout ce qui vit.
Il n’en est que moins compréhensible qu’elle ait été si peu exposée dans le pays où elle est venue vivre et a accompli l’essentiel de son œuvre. La rétrospective qui a lieu à Grenoble est la première en France, alors que, depuis 2011 et l’exposition qui alla de Bruxelles à Los Angeles et au MoMA de New York, sa reconnaissance posthume s’est renforcée constamment. Mais, à l’exception d’une présentation de dessins au Centre Pompidou en 2013, les musées parisiens l’ont ignorée.
Il y a donc à Grenoble, dans des salles qui montraient auparavant une partie de la collection permanente et ont été réaménagées pour les recevoir, près de 150 de ses œuvres : la plupart de ses sculptures, des suites de dessins et ce que l’on peut appeler ses « sculptures photographiques », ainsi que des documents artistiques et biographiques. Ces derniers sont nécessaires, puisqu’il s’agit ici de réparer plus d’un demi-siècle de méconnaissance.
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