Meilleures Actions
Histoires Web dimanche, septembre 8
Bulletin

Alexander Stubb, 56 ans, est président de la République de Finlande depuis mars. Cet ancien premier ministre conservateur a été membre de différents gouvernements de coalition, en tant que ministre des finances ou des affaires étrangères. Il compte parmi les plus fermes soutiens européens de Kiev, mais ouvre la porte à d’éventuelles négociations entre l’Ukraine et la Russie, dans un entretien recueilli en marge de son passage à Paris pour le début des Jeux olympiques.

Comment jugez-vous le souhait exprimé par le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, de voir la Russie participer à un prochain sommet pour la paix ?

Zelensky joue ses cartes comme il le faut. Depuis le début, il veut avoir l’initiative d’un processus de discussion. La balle est maintenant dans le camp de la Russie. L’Ukraine et Zelensky sont dans une position bien plus forte qu’il y a deux mois. Ils reçoivent les équipements et les budgets nécessaires pour maintenir leurs positions. Nous ne sommes plus dans la situation de quasi-désespoir dans laquelle nous étions au printemps avec le blocage de l’aide américaine, et les difficultés de l’Europe à livrer des équipements à Kiev. Il n’y a pas non plus de percée russe. La Russie n’avance pas, d’après nos renseignements, et ses pertes sont encore plus fortes qu’avant. Poutine pensait que l’Ouest se lasserait de la guerre. Il pensait qu’il pouvait attendre les élections américaines. Mais il a eu tort.

Est-il déjà temps de parler de négociations, voire de concessions territoriales de la part de l’Ukraine ?

Nous devons distinguer un éventuel processus de discussion, qui n’est pas une fin en soi, et la paix. Commencer des négociations ne veut pas dire que vous allez faire des concessions. Zelensky a besoin de quatre éléments pour que ce processus soit concluant. Le premier concerne les territoires aujourd’hui occupés par la Russie, et cela sera sa seule décision. Ensuite, l’Ukraine a besoin de garanties de sécurité. Et c’est là où nous pouvons l’aider, via des accords bilatéraux, et un éventuel chemin d’accès à l’OTAN, et bien sûr, à l’Union européenne [UE]. Tertio, la justice est nécessaire, afin de poursuivre les criminels de guerre russes. Enfin, Zelensky a besoin de soutiens pour la reconstruction de son pays.

La Russie doit-elle retirer ses troupes au préalable ?

Dans notre perspective, le chemin vers la paix est clair : la Russie doit se retirer. Mais vous ne pouvez pas considérer ce retrait comme une précondition. Nous avons besoin de convaincre le Sud global que ce que fait la Russie relève de l’impérialisme. Il est dans leur intérêt d’arrêter ce conflit. Si [le président chinois] Xi Jinping voulait arrêter la guerre, il pourrait appeler Poutine pour lui dire « ça suffit ! ». La Chine pourrait faire beaucoup pour stopper les combats, car elle est dans une position de force vis-à-vis de la Russie.

Il vous reste 57.71% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.