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Histoires Web mardi, juin 25
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En 2023, Le Printemps de Toulouse, prestigieux événement plus que trentenaire consacré à l’art contemporain, passait de septembre à juin et de biennale à festival annuel dans une nouvelle formule moins dotée financièrement mais fidèle à son exigence et à son originalité. Le Nouveau Printemps se concentre désormais sur un quartier de la ville à chaque édition, et ses rênes sont confiées à un artiste non issu de l’art contemporain.

Après la designer Matali Crasset dans le quartier de Saint-Cyprien en 2023, l’invitation a été faite à Alain Guiraudie − le réalisateur de L’Inconnu du lac, Rester vertical ou encore Miséricorde, son dernier film présenté, en mai, au Festival de Cannes – pour le quartier des Carmes-Saint-Etienne, le centre historique toulousain.

Cette promesse d’un pas de côté pour donner à voir chaque année la ville autrement est tenue par le cinéaste, dont les films âpres et tendres allient sensualité gay, vie ouvrière et présence toujours très poétique de la nature. Cette édition est à son image, et il a convié une vingtaine d’artistes pour des expositions, des installations ou des projections dans des lieux institutionnels ou dans l’espace public.

Quand Matali Crasset s’intéressait au vivant et aux communautés, Alain Guiraudie se plie à l’exercice en proposant un plongeon dans les incertitudes d’un futur fantasmé, entre légèreté et inquiétude. « L’idée est de se demander ce que promet le monde contemporain, ce qu’il laisse entrevoir », détaille ce conteur singulier, qui sait trouver de la beauté et de la poésie là où on ne s’y attend pas… quitte à être dérangeant.

Univers fantasque

Parmi les propositions les plus fortes, on retient celle du peintre Tom de Pékin, qui avait conçu la très belle affiche de L’Inconnu du lac, et a choisi d’investir des espaces du Musée des arts précieux Paul-Dupuy avec une exposition où il revient sur plusieurs périodes de son travail, entre ses peintures hautes en couleur, ses dessins sur « la première pièce de théâtre francophone LGBT », Haldernablou (1894), d’Alfred Jarry, ou sa collection de livres queers en ces lieux tout en vitrines, aux airs de cabinet de curiosités.

« Bande organisée », installation de Tony Regazzoni pour Le Nouveau Printemps, à Toulouse, le 29 mai 2024.

Autre proposition forte, déconseillée aux plus jeunes : l’installation façon drive-in nocturne de Tony Regazzoni à l’hôtel Saint-Jean-DRAC Occitanie. Chacun est invité à s’installer sur des scooters et à enfiler les casques pour écouter des récits de clubbing, tandis que défilent sur grand écran des photos de boîtes de nuit italiennes aux décors antiques des années 1980 et 1990 à l’abandon.

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