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Histoires Web mardi, juillet 2
Bulletin

Alain Dieckhoff est directeur de recherche au CNRS et professeur au CERI Sciences Po. Il est l’auteur d’Israël-Palestine : une guerre sans fin ? (Armand Colin, 2022).

Que pensez-vous du projet de trêve et de la proposition américaine d’un cessez-le-feu global ?

Le plan pour un cessez-le-feu permanent, présenté le 31 mai par le président américain, me paraît bien équilibré, même si des points mériteraient certainement d’être éclaircis dans l’enchaînement des séquences. Il offre deux choses majeures : aux Palestiniens tout simplement la fin des bombardements et des opérations militaires ; aux Israéliens le retour des otages encore détenus (ou malheureusement décédés). Joe Biden a délibérément rendu publique cette feuille de route pour peser sur les deux parties en présence, mais, au vu des premières réactions, le pari n’est pas gagné.

Du côté israélien, Benyamin Nétanyahou risque de ne pas se contenter d’un Hamas seulement diminué, mais de viser l’éradication du groupe palestinien – un objectif, sinon illusoire, du moins lointain. En outre, accepter ce plan c’est pour lui courir le risque de se faire lâcher par les extrémistes de son gouvernement (Ben Gvir, Smotrich) et donc perdre sa majorité. Du côté Hamas, continuer le combat c’est, outre démontrer sa capacité à perdurer, maintenir l’armée israélienne dans le piège de Gaza et entacher durablement Israël aux yeux d’une bonne partie du monde. Pour résumer, l’initiative américaine est bienvenue, mais il n’est pas sûr qu’elle se concrétise.

Cet article est tiré du « Hors-Série Le Monde : 40 cartes pour comprendre le conflit Israël – Palestine », juillet 2024, en vente dans les kiosques ou par Internet en se rendant sur le site de notre boutique.

A-t-on réellement mesuré l’onde de choc du massacre du 7 octobre pour les Israéliens ?

La société israélienne a, depuis 1948, connu nombre de traumatismes, mais rien de comparable avec la tuerie de masse du 7 octobre qui a frappé très majoritairement des civils, assassinés dans leurs maisons, leurs voitures ou lors de la rave-party. Ce massacre n’a épargné ni les enfants, ni les femmes, ni les personnes âgées. Cette violence aveugle a provoqué une onde de choc qui ne s’est pas éteinte parce que l’attaque terroriste du Hamas s’est accompagnée d’une prise d’otages massive. Plus de 251 personnes ont été kidnappées à ­l’origine, et environ 120 sont toujours aux mains du mouvement islamiste au 4 juin 2024. Le traumatisme persiste donc parce que le 7 octobre perdure en quelque sorte.

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