Meilleures Actions
Histoires Web mercredi, février 5
Bulletin

CANAL+ – MERCREDI 5 FÉVRIER À 21 HEURES – SPECTACLE

Fary est au sommet de sa forme. Après Hexagone (2019), son stand-up à succès qu’il avait eu le culot de jouer au milieu de l’AccorHotels Arena, à Paris, entouré de quelque 15 000 spectateurs, l’humoriste lâche (presque) les questions d’identité française pour aborder les chimères du couple et de l’amour. Fary a longuement mûri cette nouvelle thématique. Il était temps de « dire des choses sur scène que tu as du mal à t’entendre dire », résume-t-il en préambule.

Lire l’entretien avec Fary (en 2019) : « Etre humoriste, c’est être de mauvaise foi. On aime défendre l’indéfendable »

Avec ce nouveau stand-up, rodé au théâtre La Scala, à Paris, sous le nom de code faussement modeste Ce ne sont que des blagues, l’artiste, né en France de parents cap-verdiens, peaufine sa marque de fabrique. Toujours singulièrement et élégamment habillé, les dreadlocks retenues en queue-de-cheval, il balance quelques saillies « farysiennes » sur ces Blancs qui n’aiment pas être appelés « les Blancs » mais qui ont la fâcheuse tendance à catégoriser « les Noirs ». Après deux ou trois anecdotes plus ou moins réussies, il va longuement décortiquer le mythe de la vie à deux, dans un texte très bien ficelé.

Le trentenaire essaie d’être en couple, n’a plus une « copine », mais une « conjointe » (« la différence est que, si ça s’arrête, tu dois déménager »), et s’interroge sur cette utopie qui consiste à tout partager, à croire que l’autre représente l’amour de toute une vie et doit nous rendre plus heureux. « C’est trop, on se met trop la pression. »

Mauvaise foi

Maniant avec brio la mauvaise foi, il dit avoir une bonne raison d’être ainsi : « Jamais personne ne nous a appris à être deux, dans la vie. » Surtout, les hommes sont « conditionnés » dès le plus jeune âge : « Un jour cow-boy, le lendemain Power Ranger, le surlendemain pirate, enfant on avait plein d’aventures, et maintenant il faudrait vivre une seule histoire ? » Contrairement aux filles, ils n’ont pas été bercés par les promesses des contes – « Ils vécurent longtemps ensemble et eurent beaucoup d’enfants. »

Lire le portrait (en 2018) : Article réservé à nos abonnés Le rire doux-amer mais rassembleur de Fary

Fary, lui, a peur d’avoir un enfant. Malin comme un diable, il interpelle le public : « Les hommes qui ont joué au papa dans leur chambre quand ils étaient petits, applaudissez ! » Silence et rires dans la salle. Fary livre son point de vue d’homme, mais veut la paix des ménages. Dans un final mémorable, il se fait professeur et donne un cours, cas pratique savoureux à l’appui, pour que les femmes et les hommes se comprennent et se parlent.

En cette période post-MeToo, le sujet du couple pourrait être inflammable. Aisance scénique, sens du rythme, rapport au public à la fois taquin et bienveillant, Fary en fait un thème rassembleur dans un art consommé du stand-up. On peut aisément l’aimer.

« Aime-moi si tu peux », avec Fary, texte de Fary et Jason Brokerss, mise en scène de Paul Dechavanne (Fr., 2022, 80 min). Capté en avril 2024 au Théâtre de Saint-Maur-des-Fossés (Val-de-Marne) et à la Place Bell de Montréal. Diffusé sur Canal+ et disponible à la demande sur MyCanal jusqu’au 12 février.

Réutiliser ce contenu

Share.
© 2025 Mahalsa France. Tous droits réservés.