« Les semis se passent dans de plutôt bonnes conditions, même si certaines terres restent lourdes », se réjouit Benoît Piétrement, président du conseil spécialisé dans les grandes cultures de FranceAgriMer et céréalier dans la Marne. « Cela fait deux semaines qu’il ne pleut plus. L’absence de pluie est comme un rayon de soleil », ajoute-t-il. Après presque une année de précipitations quasi continuelles sur une bonne partie du territoire national, à l’exception de la zone sud touchée par la sécheresse, le soulagement est palpable. Cette météo qui a, en 2024, réduit la production de blé tendre d’un quart, et les vendanges dans une même proportion, a mis les nerfs des agriculteurs à rude épreuve et les trésoreries sous tension. Un terreau fertile pour une nouvelle mobilisation agricole ? Probablement, d’autant qu’éleveurs ovins et bovins sont, eux, touchés par des crises sanitaires.
C’est, en tout cas, l’analyse faite par la Fédération nationale des syndicats d’exploitants agricoles (FNSEA), associée aux Jeunes Agriculteurs (JA), qui a sonné le clairon, le 22 octobre. Elle a appelé à une mobilisation nationale à partir de mi-novembre, soit moins d’un an après les manifestations de colère des agriculteurs qui se sont multipliées durant plusieurs semaines. La trêve hivernale des céréaliers fixe le calendrier de la reprise des actions. Mais aussi une prochaine échéance électorale majeure, très attendue par le monde agricole : les agriculteurs sont en effet invités à voter, le 31 janvier 2025, pour élire leurs représentants aux chambres d’agriculture.
Ce rendez-vous électoral, organisé tous les six ans, permet aux cinq syndicats agricoles – la FNSEA, les JA, la Coordination rurale, la Confédération paysanne et le Mouvement de défense des exploitants familiaux – de mesurer leur représentativité. En outre, de leur résultat dépend leur source de financement. La FNSEA et les JA ont à nouveau décidé de faire front commun, une alliance qui leur a assuré d’être jusqu’alors majoritaires. Mais ils voient monter, sur le terrain, la Coordination rurale, qui était devenue la deuxième force syndicale, passant devant la Confédération paysanne lors de la précédente consultation.
Panneaux, laine et fumier
Localement, des actions de contestation ont déjà été menées ces dernières semaines. Lundi 4 novembre, des viticulteurs membres des JA et des FDSEA, branches départementales de la FNSEA, du Vaucluse et du Gard, ont manifesté devant des magasins Lidl à Orange (Vaucluse) et à Bagnols-sur-Cèze (Gard) pour protester contre la vente à perte, selon eux, de vins d’appellation côtes-du-rhône. Quelques jours plus tôt, à la veille de la Toussaint, une cinquantaine d’éleveurs ont manifesté dans les Vosges, à l’instigation de la Confédération paysanne, contre la décision du géant laitier Lactalis de réduire sa collecte en France, sous la bannière « Lactalis m’a tuer ».
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