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Concurrents dans les magasins, les groupes de la grande distribution alimentaire deviennent partenaires lorsqu’il s’agit de discuter des conditions financières avec les fournisseurs. Leurs centrales d’achat basées à l’étranger sont aujourd’hui au cœur de la colère des agriculteurs français, victimes en bout de chaîne de la pression concurrentielle. La Confédération paysanne a appelé, mardi 30 janvier, à « bloquer les centrales d’achat et à cibler les prédateurs du revenu paysan », soit « les lieux où s’exerce cette pression sur [les] prix ».

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Mercredi 31 janvier au matin, le syndicat classé à gauche a indiqué avoir installé un barrage filtrant devant une plate-forme logistique de Carrefour dans la banlieue toulousaine et celle dédiée aux produits frais d’E.Leclerc, à Cabannes, dans les Bouches-du-Rhône, qui dessert environ 70 magasins.

Sur fond de guerre des prix, les distributeurs avaient commencé à s’associer, dès 2014, pour mutualiser leurs achats au travers de sociétés communes situées sur le territoire français. Avec l’objectif d’acheter moins cher grâce à des quantités plus importantes. Au fil des ans, les alliances entre enseignes se sont nouées et dénouées avant de se délocaliser progressivement à l’étranger.

« Nous n’en avons pas encore retiré les bénéfices »

La plupart des enseignes utilisent désormais ce modèle pour négocier avec les grandes multinationales. E.Leclerc a fondé en 2016 avec le groupe allemand Rewe une centrale d’achat commune, Eurelec Trading, située à Bruxelles, qu’a rejointe le groupe néerlandais Ahold Delhaize, en septembre 2023. De son côté, Carrefour a lancé, en 2022, à Madrid, sa propre « centrale d’achat européenne à destination des grands fournisseurs internationaux », baptisée Eureca, afin de négocier pour six pays (France, Espagne, Italie, Belgique, Roumanie et Pologne).

Tandis que Système U a rejoint Everest en 2022, une centrale d’achat située aux Pays-Bas, pour acheter avec l’allemand Edeka et le néerlandais Picnic. « Nous n’en avons pas encore retiré les bénéfices, car les négociations ne sont pas passées par Everest cette année », assure-t-on chez Système U, qui prend soin de rappeler que cette centrale concerne ses 44 plus gros fournisseurs comme Nestlé, L’Oréal, Procter & Gamble, ainsi que les français Lactalis et Danone, mais pas ses « marques de distributeurs, ni les PME ».

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En parallèle, quasiment tous ont créé ou rejoint des centrales de services, basées elles aussi à l’étranger. Même Intermarché et Casino, qui négocient leurs achats en France au sein d’Auxo depuis 2021, ont la leur à Bruxelles, appelée Global Retail Services. Par ce biais, les distributeurs commercialisent un ensemble de prestations destinées à accompagner les fournisseurs dans leur développement dans différents pays. Qu’il s’agisse du lancement européen d’un produit (par exemple, un industriel français de la charcuterie qui souhaiterait se développer en Allemagne), d’opérations promotionnelles sur plusieurs marchés en même temps ou bien de remontées d’informations statistiques sur leurs ventes…

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