La France est en train de vivre l’un des solstices d’été les plus chauds depuis près d’un siècle. Avec des températures en journée pouvant atteindre localement 38 °C, des nuits tropicales ne descendant pas au-dessous des 20 °C, de nombreux départements en vigilance canicule, l’épisode météorologique n’est pas inédit, mais sa précocité et son intensité constituent une nouvelle alerte sur le dérèglement climatique à l’œuvre.
Autrefois rarissimes, ces phénomènes deviennent de plus en plus fréquents et de plus en plus problématiques pour la santé humaine, l’agriculture et la biodiversité. L’évidence factuelle des effets du changement climatique, étayée par la science, n’est visiblement pas suffisante pour provoquer la mobilisation qui s’impose à tous pour à la fois s’y adapter et surtout contrer ses conséquences en réduisant les émissions de gaz à effet de serre (GES).
L’inaction climatique se traduit par l’incapacité de la communauté internationale à respecter ses propres engagements. Un groupe de scientifiques de renom vient ainsi d’acter que l’objectif de limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport à l’ère préindustrielle, fixé dans le cadre de l’accord de Paris sur le climat en 2015, ne sera pas atteint. Plutôt que de nous faire sombrer dans le défaitisme, ce constat doit nous inciter, au contraire, à redoubler d’efforts.
Certes, la bataille est mal engagée. L’administration américaine assume son climatoscepticisme en multipliant les attaques contre la science et les politiques bas carbone. La consommation de charbon et de pétrole au niveau mondial continue d’augmenter. Des voix de plus en plus nombreuses en Europe s’élèvent pour ralentir le processus de réduction des émissions de GES. En France, la planification écologique s’étiole, le plan d’adaptation au réchauffement prend du retard et les mesures en faveur du climat sont détricotées une à une.
Besoin d’un véritable accompagnement social
Une partie de l’opinion, encouragée par le populisme ambiant, a basculé dans le déni et le renoncement. Face à un sujet complexe, il n’est pas difficile pour les démagogues de garantir notre confort immédiat en s’accrochant à des modèles obsolètes, au détriment de l’habitabilité à moyen terme de la planète. Le moratoire sur les énergies renouvelables voté le 19 juin à l’Assemblée nationale par la droite et l’extrême droite, en plein épisode caniculaire, montre qu’il n’y a aucune limite au cynisme, à la démagogie et à l’aveuglement.
Pour surmonter cette mauvaise passe, il est indispensable d’en comprendre les raisons afin de bâtir un discours capable d’impulser une nouvelle dynamique. Celui-ci doit mettre davantage en avant les bénéfices associés à la transition (économies d’énergie et donc gains de pouvoir d’achat, cadre de vie plus agréable, indépendance énergétique), encourager les progrès déjà réalisés dans la réduction des GES et évaluer plus concrètement le coût de l’inaction climatique.
Enfin, l’acceptation des politiques publiques doit passer par l’adaptation des efforts aux contraintes de chacun en fonction des revenus et du lieu d’habitation, ce qui nécessite de dégager des moyens pour mettre en place un véritable accompagnement social malgré les exigences budgétaires. C’est à ces conditions que le débat écologique pourra sortir de la polarisation dans laquelle il est enfermé. La multiplication des événements climatiques extrêmes nous rappelle que cela devient de plus en plus urgent.