Meilleures Actions
Histoires Web lundi, septembre 16
Bulletin

Douze assassinats et dix-huit tentatives d’assassinat. L’accusation donnait le vertige, au point que beaucoup doutaient de sa pertinence : elle est désormais gravée dans le marbre. Lundi 5 août, deux juges d’instruction ont décidé de renvoyer l’ex-anesthésiste Frédéric Péchier devant les assises pour trente empoisonnements de patients. « Il n’y a aucun équivalent dans les annales judiciaires françaises », prévient le procureur de la République de Besançon, Etienne Manteaux.

Lire aussi | Affaire Frédéric Péchier : l’ex-anesthésiste renvoyé aux assises pour trente empoisonnements

La procédure, aux allures de poupées russes, a longtemps avancé à tâtons face à la complexité des faits. Sept années d’investigations acharnées – auditions par centaines, analyses médicales, scientifiques et techniques, travail de recoupement, exhumations, expertises psy – ont été nécessaires pour mieux cerner les ressorts de cette funeste série d’arrêts cardiaques, survenue dans deux cliniques bisontines entre 2008 et 2017. Ces EIG (événements indésirables graves) « pour lesquels aucune explication médicale formelle n’est retenue » étaient « trop fréquents et anormalement létaux », estime l’ordonnance de mise en accusation (OMA) rendue lundi 5 août. Dans leur écrit, les magistrats instructeurs présentent Frédéric Péchier comme leur « seul dénominateur commun ».

Cette affaire « n’a rien à voir avec des euthanasies », insistait le procureur Etienne Manteaux, en mai, au moment de détailler « les charges accablantes » pesant sur le docteur Péchier : « Ce qui lui est reproché, c’est d’avoir empoisonné des patients pour atteindre des collègues avec lesquels il avait des différends. » Ces conflits parfois aigus, parfois latents, portaient sur des considérations financières, des guerres d’ego, des jalousies ou des désaccords d’ordre médical… Des personnes vulnérables utilisées à leurs corps défendant comme vecteurs d’une vendetta personnelle ?

« Personnage de sauveur »

D’après le ministère public, le praticien avait élaboré un mode opératoire redoutable – et quasiment indétectable – en polluant discrètement les poches de perfusion de ses victimes. Afin de brouiller les pistes, Frédéric Péchier aurait injecté des produits variés : potassium, anesthésiques locaux, héparine, adrénaline… Reconnu pour ses talents de réanimateur, l’anesthésiste « s’était créé un personnage de sauveur », dixit Etienne Manteaux, en se portant au chevet de certains patients agonisants pour préconiser le bon antidote. Mais ce de manière parfois « trop précoce ». Selon l’accusation, ces situations permettaient d’accentuer son leadership, tout en fragilisant les confrères visés.

Il vous reste 57.23% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Share.
© 2024 Mahalsa France. Tous droits réservés.