La demande venait du gouvernement de Donald Trump, accusé de manquer de transparence dans l’affaire Jeffrey Epstein, ce financier mort en 2019 avant son procès pour trafic sexuel de mineures. Mais un juge fédéral a refusé, mercredi 20 août, de lever le secret judiciaire sur un certain type de documents – ceux émanant du grand jury – liés à ce dossier qui embarrasse le président américain.
Dans sa décision, le juge Richard Berman considère que le gouvernement n’a pas démontré qu’il existait des circonstances particulières qui justifieraient la divulgation de ces dossiers normalement tenus secrets. Aux Etats-Unis, le grand jury est un groupe de citoyens qui décide, en fonction des éléments présentés par le procureur, s’il y a lieu ou non de tenir un procès.
Sous la pression d’une partie de son camp, Donald Trump avait demandé en juillet la publication des témoignages « pertinents » de la procédure judiciaire concernant Jeffrey Epstein. La mort de cet ami des stars et des puissants, retrouvé pendu dans sa cellule à New York quelques semaines après son arrestation, alimente nombre de théories non vérifiées selon lesquelles il aurait été assassiné pour empêcher des révélations impliquant des personnalités de premier plan.
Le gouvernement dispose de 100 000 pages de dossier
Donald Trump, 79 ans, a lui-même été proche de Jeffrey Epstein jusqu’au milieu des années 2000. Le Wall Street Journal avait notamment rapporté en juillet l’existence d’une lettre salace écrite par le magnat de l’immobilier en 2003 pour le 50e anniversaire de son ami d’alors, figure, comme lui, de la jet-set new-yorkaise.
Le juge Berman fait remarquer que le gouvernement détenait une multitude de documents liés à l’affaire Epstein. L’administration Trump avait promis de les publier, avant d’y renoncer en juillet, le ministère de la justice et la police fédérale (FBI) ayant établi que le financier s’était bien suicidé et qu’il n’existait pas de preuve de l’existence d’une liste secrète de clients ou d’un chantage envers certaines personnalités.
« Les 100 000 pages de dossiers et documents sur Epstein que détient le gouvernement surpassent largement les quelque 70 pages issues du grand jury », a déclaré le juge. « Le gouvernement est la partie la plus à même de procéder à une divulgation complète au public du dossier Epstein », a-t-il ajouté, estimant que la demande de l’administration de publier les témoignages recueillis par le grand jury « semblait constituer une « diversion » ».
Le juge a également souligné que la levée du secret sur ces documents pourrait menacer la sécurité et la vie privée des plus de 1 000 victimes dans cette affaire.
Bill et Hillary Clinton convoqués
Sa décision est intervenue un peu plus d’une semaine après qu’un autre juge fédéral a rejeté la demande du ministère de la justice de rendre publics certains documents de la procédure pénale à l’encontre de la complice d’Epstein, Ghislaine Maxwell, estimant qu’il n’y avait rien de nouveau à en tirer.
Agée de 63 ans, cette dernière purge actuellement une peine de vingt ans de prison. Elle a récemment été interrogée par le numéro deux du ministère de la justice, Todd Blanche, qui est également l’ancien avocat personnel de Donald Trump. Celui-ci n’a pas révélé la nature de leur discussion. Mme Maxwell devait aussi se présenter le 11 août devant une commission d’enquête parlementaire, mais l’audition a été reportée sine die.
Plusieurs autres personnalités, dont l’ex-président démocrate Bill Clinton et son épouse Hillary Clinton, ont été convoquées pour répondre de leurs liens avec Jeffrey Epstein.