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C’est une première, dont les conséquences pourraient dépasser le procès à venir et déstabiliser l’industrie de la pornographie. La Cour de cassation vient de reconnaître, à propos des viols commis dans le cadre de tournages pornographiques organisés par Pascal Ollitrault et son label French Bukkake, qu’ils ont pu être commis avec les circonstances aggravantes de « sexisme » et de « racisme ».

« C’est une décision historique, s’est réjoui Lorraine Questiaux, qui défend plusieurs plaignantes et associations constituées parties civiles. Evidemment qu’il y a du sexisme et du racisme dans ces viols, évidemment qu’il n’y avait pas de raison de l’écarter au motif que ce serait prétendument de l’art. »

Dans cette affaire, 16 hommes, accusés entre autres de « viols », « viols en réunion » et « traite d’êtres humains », doivent être jugés par la cour criminelle de Paris. Mais plusieurs dizaines de parties civiles au dossier, victimes et associations, avaient formé appel de l’ordonnance de mise en accusation, notamment pour obtenir la reconnaissance des qualifications aggravantes de « racisme » et de « sexisme ».

Lire l’enquête (2022) : Article réservé à nos abonnés Violences sexuelles dans le porno : « French Bukkake », une filière de traite des femmes

Dans les nombreuses vidéos pornographiques produites par French Bukkake et son propriétaire, Pascal Ollitrault, où les femmes sont violentées et utilisées comme des objets sexuels, les insultes et formules dégradantes sont légion : « salope », « pute », « vide-couilles », ou encore « beurette ». La cour d’appel de Paris avait estimé qu’il n’était pas « suffisamment établi » que ces propos avaient été tenus avec des intentions sexistes ou racistes, et qu’ils étaient « tenus dans le contexte de la réalisation d’une œuvre de l’esprit » : « Les acteurs ont déclaré que [Pascal Ollitrault] exigeait d’eux de la grossièreté non pas pour leur plaisir mais pour celui des spectateurs. »

La qualification de « tortures et actes de barbarie » rejetée

La Cour de cassation n’est pas du même avis, et estime que les insultes, dès lors qu’elles sont proférées en fonction du sexe ou d’une supposée race, peuvent être qualifiées de sexistes ou de racistes. Première conséquence : avec ces circonstances aggravantes, les peines encourues par les accusés passent de vingt à trente ans. Ce n’est donc pas une cour criminelle qui devra les juger, mais une cour d’assises. « En premier lieu, les femmes victimes dans ce dossier vont pouvoir réellement accéder à la justice, souligne Me Questiaux, et, au-delà, ce sera un procès historique, pour toutes les femmes, car il va s’attaquer à la matrice des violences de genre. »

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