La grand-tante de Grégory Villemin, qui doit être convoquée devant la justice en vue d’une possible mise en examen quarante ans après le meurtre du garçonnet, a réaffirmé jeudi 19 juin « sa totale innocence », selon un communiqué de ses avocats.
Jacqueline Jacob, 80 ans, sera interrogée dans les prochains mois en vue d’une possible mise en examen pour association de malfaiteurs criminelle, avait annoncé mercredi le procureur général près la cour d’appel de Dijon, Philippe Astruc.
Mme Jacob, qui avait déjà été mise en examen en 2017 avant que les poursuites ne soient abandonnées pour un problème de procédure, « réaffirme sa totale innocence et souhaite que sa présomption d’innocence ainsi que sa vie privée soient respectées », écrivent ses trois avocats dans un communiqué.
Ils rappellent que le parquet général considère « qu’aucun élément n’est de nature à constituer des indices graves ou concordants dans l’implication » de la grand-tante et soulignent « partager » cette position.
Stéphane Giuranna, Frédéric Berna et Alexandre Bouthier « s’étonnent de la qualification de mise en examen envisagée ». L’association de malfaiteurs criminelle ne figurait pas dans le code pénal au moment du meurtre de Grégory Villemin, âgé de 4 ans, retrouvé noyé et ligoté le 16 octobre 1984 dans une rivière des Vosges : ce chef d’accusation avait été aboli en 1983 avant d’être réintroduit en 1986. « Il ne peut y avoir ni infraction ni peine sans qu’un texte ne les prévoie », soulignent les trois avocats.
Un dossier marqué par de nombreux rebondissements
La mort du petit Grégory a suscité beaucoup d’émotions et l’enquête, chaotique, n’a jamais permis d’éclaircir ses circonstances. Le jour du meurtre, une lettre anonyme est adressée au père par un corbeau qui harcèle depuis plusieurs années la famille. Bernard Laroche, un cousin du père, est rapidement mis en cause sur la base d’accusations de sa belle-sœur, une adolescente de 15 ans, qui reviendra ensuite sur ses propos. Inculpé d’assassinat et écroué, il est remis en liberté mais Jean-Marie Villemin, convaincu de sa culpabilité, le tue en mars 1985.
La mère de Grégory, Christine Villemin, sera à son tour poursuivie, avant de bénéficier d’un non-lieu. En 2017, Jacqueline Jacob, qu’une expertise en graphologie a désignée comme l’autrice d’une lettre anonyme menaçante adressée en 1983 aux parents du petit Grégory, est interpellée avec son époux, Marcel.
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Le couple est mis en examen pour enlèvement et séquestration suivie de mort. Les poursuites sont finalement annulées pour vice de forme.
Depuis, de nouvelles expertises ont eu lieu et la chambre de l’instruction de la cour d’appel de Dijon, qui supervise le dossier, a listé en début d’année tous les « éléments qui concernent Jacqueline Jacob », a fait savoir mercredi le procureur général, sans donner de détails.