La commission d’enquête sur les modalités du contrôle par l’Etat et de la prévention des violences dans les établissements scolaires, créée en février dans le sillage de l’affaire de Notre-Dame de Bétharram, entendra le premier ministre, François Bayrou, le 14 mai en tant qu’ancien ministre de l’éducation nationale (1993-1997). L’entourage du premier ministre a confirmé à l’Agence France-Presse qu’il se rendra bien devant la commission.
Accusé par la gauche d’avoir menti sur sa connaissance des violences et agressions sexuelles qui ont eu lieu au collège-lycée de Bétharram (Pyrénées-Atlantiques), qui a été fréquenté par plusieurs de ses enfants, François Bayrou « récuse » tout mensonge, parlant de « polémiques artificielles ». « Il n’y a aucun nouvel élément » et « j’ai donné sur cette affaire tous les éléments », a déclaré François Bayrou à la presse lors d’un déplacement à Lyon, le 13 mars.
La commission d’enquête a également annoncé lors d’une conférence de presse à l’Assemblée nationale vouloir rencontrer les anciens ministres de l’éducation nationale Nicole Belloubet, Pap N’Diaye, Jean-Michel Blanquer ainsi que l’actuelle ministre, Elisabeth Borne.
Cette annonce de l’audition à venir du chef du gouvernement est concomitante à l’audition d’un ex-gendarme, jeudi, qui a répété qu’un magistrat lui avait parlé d’une « intervention » de François Bayrou quand il enquêtait sur des faits de viol visant un religieux de l’établissement en 1998. Alain Hontangs avait déjà tenu ces propos à la mi-février dans le cadre de l’émission de TF1 « Sept à Huit », puis ultérieurement dans la presse.
Le 26 mai 1998, enquêteur à la section de recherches de Pau, il devait présenter à un juge d’instruction le père Pierre Silviet-Carricart. Cet ancien directeur de l’institution catholique du Béarn, au cœur aujourd’hui d’un vaste scandale d’agressions sexuelles, était accusé de viol par un ancien élève, le premier à avoir dénoncé de tels faits. A la mi-février à l’Assemblée nationale, après la diffusion du reportage de TF1, le premier ministre avait affirmé n’être « jamais » intervenu, « ni de près ni de loin », dans cette affaire.
« Je pense que François Bayrou a menti », a affirmé Paul Vannier député « insoumis » et corapporteur de la commission en parlant des témoignages entendus jeudi matin. La députée Ensemble pour la République Violette Spillebout a considéré de son côté que « pendant des dizaines d’années des établissements privés sous contrat n’ont vu aucun inspecteur (…) il va falloir que ça change ».