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C’est presque une tradition : quand la crise éclate, les Baltes prennent le chemin du Caucase. En arrivant à Tbilissi, mercredi 15 mai, les ministres des affaires étrangères des trois Etats baltes, accompagnés de leur collègue islandaise, ne peuvent pas ne pas se rappeler le voyage rocambolesque de leurs dirigeants vers la même capitale géorgienne, il y a seize ans.

L’atmosphère était fiévreuse, aussi. Et c’est aussi la Russie qui était à l’origine de cette poussée de fièvre de l’été 2008 – la Russie, ce grand voisin qui a, dans l’histoire, annexé deux fois la Géorgie et dont les chars venaient à nouveau de l’envahir, dans la nuit du 8 août. L’armée russe intervenait en Géorgie, officiellement pour protéger la minorité russophone d’une province séparatiste frontalière de la Russie, l’Ossétie du Sud, que les forces géorgiennes venaient de bombarder, tombant dans le piège d’une provocation.

Quittant précipitamment Pékin, où il avait assisté à la cérémonie d’ouverture des Jeux olympiques, le président Nicolas Sarkozy avait sauté dans son avion pour négocier un cessez-le-feu entre Moscou et Tbilissi, au nom de l’Union européenne, dont la France assurait la présidence tournante. Au moment où il quittait Moscou pour Tbilissi, le 12 août, porteur d’un accord de cessez-le-feu approuvé par Vladimir Poutine, ses trois collègues baltes, l’Estonien, le Lituanien et le premier ministre letton, accompagnés des chefs d’Etat polonais et ukrainien, se dirigeaient vers la capitale géorgienne – par la route, au terme d’un éprouvant périple. Les Russes, qui contrôlaient l’espace aérien géorgien, avaient autorisé l’avion présidentiel français à atterrir, pas celui du président polonais, forcé de se poser en Azerbaïdjan.

Lire aussi (archive de 2008) | Comment la France a arraché l’amorce d’une négociation

A Tbilissi, Nicolas Sarkozy et les présidents de l’Est n’avaient pas fait cause commune. D’une part, ils ne boxaient pas dans la même catégorie – comme les Russes, le Français avait su le leur faire sentir, ont-ils raconté plus tard. D’autre part, ils ne poursuivaient pas le même objectif : la priorité de Paris, avec l’appui de Berlin et de Bruxelles, était d’obtenir l’arrêt de l’offensive russe, coûte que coûte. Les Baltes, le Polonais et l’Ukrainien, eux, étaient venus soutenir le peuple géorgien assiégé et son président, Mikheïl Saakachvili.

Mesure délibérément anti-européenne

Seize ans plus tard, Paris et Berlin ont plus de considération pour les capitales baltes, dont les voix portent davantage à Bruxelles depuis que l’invasion de l’Ukraine a justifié leurs mises en garde contre Vladimir Poutine. Mais ce voyage des ministres baltes en Géorgie, au moment crucial où est adopté le projet de loi sur l’« influence étrangère » qui jette dans la rue chaque soir des dizaines de milliers d’opposants, est à nouveau une initiative séparée.

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