Les avenues régulièrement bouclées à la circulation, grâce à un strict maillage policier, permettent le ballet des limousines officielles. Chaque réverbère est orné de bannières annonçant en chinois, russe et anglais : « Se retrouver à Tianjin pour une coopération gagnant-gagnant ! » La vaste cité portuaire, à 150 kilomètres de Pékin, est pour deux jours au centre de l’effort chinois pour redessiner l’ordre mondial à la défaveur de l’Occident.
Le président Xi Jinping y accueille, dimanche 31 août et lundi 1er septembre, une vingtaine de dirigeants étrangers, notamment son ami Vladimir Poutine et le premier ministre indien, Narendra Modi, particulièrement frustré du tour qu’a pris sa relation avec les Etats-Unis. Pour le Russe, Donald Trump a déployé le tapis rouge en Alaska, à la mi-août, malgré la poursuite de sa guerre en Ukraine mais pour l’Indien, le président américain a opté pour d’humiliants droits de douane du fait de ses achats de pétrole à Moscou. Tous deux regardent vers la Chine.
Le sommet de Tianjin, une ville d’environ 15 millions d’habitants dont le centre témoigne d’un passé douloureux de concessions étrangères coloniales, est au départ une rencontre des pays membres de l’Organisation de coopération de Shanghaï (OCS), un forum régional sur l’Asie centrale, mais jamais elle n’avait accueilli autant d’Etats observateurs, de l’Egypte à la Malaisie. Xi Jinping en fait une plateforme pour un message bien plus vaste sur la nécessité de se départir des normes et des valeurs longtemps portées par les Etats-Unis et les Européens. Il entend poser la Chine en pôle de stabilité dans un contexte devenu si incertain.
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