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Histoires Web mardi, juin 3
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Canon pointé vers l’horizon désertique, un char hors d’âge, caché derrière des monticules de terre, attend l’arrivée de l’ennemi. A l’entrée du gouvernorat de Souweïda, les obstacles, érigés en travers de la route qui arrive des faubourgs de Damas, obligent les rares automobilistes s’engageant sur cette voie, à ralentir. Une dizaine de miliciens druzes, lourdement armés, surveillent nerveusement les allées et venues. Depuis les violences communautaires qui ont touché la population druze du 28 au 30 avril, faisant 134 morts, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme, la région, fief des Druzes de Syrie, s’est barricadée dans l’expectative.

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A une centaine de mètres, le petit hameau d’As-Suwarah Al-Kubra, vidé de ses habitants, porte les stigmates des affrontements. Sur la terrasse de Khaled Alaoui, la brise printanière qui caresse les collines arides et les vergers du sud du pays soulève des cendres. Sa maison de trois étages a été dévorée par les flammes, après avoir été pillée et incendiée en marge des violences. « Quand ils sont entrés dans le village, ils ont détruit les voitures, pillé des maisons et volé tout ce qu’ils pouvaient, même les jouets des enfants », s’indigne Khaled Alaoui, un homme d’affaires druze de 40 ans, aux yeux clairs et à la barbe grisonnante.

« Ils » ? Des groupes radicaux « takfiristes » et « salafistes », venus prêter main-forte aux Bédouins locaux qui ont stoppé les miliciens druzes de Souweïda tentant de rejoindre leurs coreligionnaires de Damas, avec, selon lui, la bénédiction du service de sécurité du ministère de l’intérieur. De nombreux bâtiments ont été saccagés ou détruits dont le sanctuaire druze du village et le mausolée d’Issam Zahreddine, ancien commandant druze de l’armée nationale syrienne, tué en 2017 dans l’explosion d’une mine. Aux yeux de M. Alaoui, qu’importe que cet homme ait été un cadre de la répression de l’opposition syrienne, le bourreau des banlieues de Damas et du centre-ville de Homs : la destruction de sa sépulture n’est qu’une « excuse » pour « nous attaquer », dit-il.

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