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Histoires Web mercredi, décembre 25
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Pour Anna, Vladimir, Piotr ou Daria, il n’est pas question de quitter la Russie. « Nous resterons à Saint-Pétersbourg, dans notre ville, dans notre pays ! Ce n’est pas à nous de partir. C’est à [Vladimir] Poutine de quitter le pouvoir… » Entre deux confidences, à la terrasse d’un café au cœur de l’ancienne cité impériale, Anna affirme résolument son opposition au chef du Kremlin. Elle tient pourtant à rester anonyme, comme la plupart des Saint-Pétersbourgeois politiquement très actifs « dans la vie d’avant », celle d’avant le conflit en Ukraine et la vague de répression qui s’est abattue pour museler toute voix critique. Ces opposants, qui continuent d’œuvrer dans l’ombre, demandent tous, par précaution, que leur nom soit changé.

« Nous ne pouvons plus ni manifester ni nous retrouver dans les QG d’opposition. Sur les réseaux sociaux, je m’autocensure, pour ne pas être poursuivie pour un simple post », explique Anna, 42 ans, mère de famille et cadre commerciale. A Saint-Pétersbourg, elle s’investit pour la défense des droits civiques et électoraux dans une organisation classée « agent de l’étranger » par la justice russe. Elle s’inquiète pour son fils de 21 ans et sa fille de 13 ans.

A l’université, l’aîné doit « zigzaguer pour éviter la mobilisation militaire », dit-elle, et ses mains tremblent lorsqu’elle l’imagine obligé de partir au front. Sa cadette, à l’école, est contrainte d’assister tous les lundis matin au lever de drapeau et aux « leçons de choses importantes », des rituels patriotiques devenus obligatoires. « Heureusement, l’éducation ne se fait pas qu’à l’école. A la maison, je reviens sur les vrais sujets importants avec elle ! », assure sa mère. « On ne peut plus se rebeller, mais on peut toujours résister. Et patienter », résume Anna qui, souvent, se reproche « de ne pas en faire plus ».

Poursuivi pour « extrémisme »

Contrairement à une ­cinquantaine de ses proches qui ont fui le pays, elle a choisi de rester. Pour l’instant. « Mais cela ne veut pas dire que je me satisfais de vivre dans la Russie de Poutine. Je mène une vie parallèle, à peine normale… » Le souvenir de récentes perquisitions menées chez elle, pour son autre activité dans l’un des mouvements d’opposition poursuivi pour « extrémisme », ­continue de la hanter. « Deux fois, la police est venue à l’aube pour fouiller mon appartement. Mes enfants s’en souviennent encore. Parfois, à 5 heures, je me réveille, prise par la peur d’une nouvelle visite musclée. » Une troisième perquisition et la ligne rouge sera franchie : « Nous partirons ! », tranche-t-elle. Elle s’est d’ailleurs mise à apprendre l’allemand.

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