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Histoires Web dimanche, octobre 6
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L’encre pulvérisée est l’essence du graffiti. L’exposition « Aérosol, une histoire du graffiti », au Musée des beaux-arts de Rennes, revient sur les années où cet outil de poche discret et pratique qu’est la bombe aérosol s’impose dans les pratiques urbaines pour faire éclore ce mouvement en France au début des années 1980. L’utilisation de cette « peinture presse-bouton », commencée dans les années 1950 pour un usage domestique, est détournée. Exposition dans l’exposition sur cet objet, avec près de 280 modèles, un préambule chronologique offre une entrée en matière originale et inédite, suivi d’un second, confié à l’artiste et historienne de l’art Camille Gendron, sur les potentiels artistiques de la peinture projetée, rendus et schémas à l’appui.

Claude Costa recouvrant les publicités de la station de métro Temple, à Paris, en 1984.

La suite est une plongée dans les rues de Paris, des premiers usages, sans visée artistique : pour des slogans, revendications ou inscriptions potaches. Un phénomène qui va s’amplifier avec Mai 68 et sa déferlante d’inscriptions politiques et de pochoirs, et s’ouvrir à toutes les causes dans les années 1970. Au même moment, des artistes s’intéressent à ce type d’expression vernaculaire, notamment chez les nouveaux réalistes, comme Raymond Hains, qui récupère des affiches recouvertes d’inscriptions, quand d’autres se saisissent de la bombe dans le paysage urbain : André Cadere, Ben ou le pionnier de l’art urbain Zlotykamien.

Le rock et le punk rock se l’approprient à des fins de promotion : le groupe Diesel écrit son nom partout dans Paris, le guitariste des Araignées du soir, Epsylon Point, devient une figure importante de cette culture. On voit Miss.Tic, bombe à la main, avec les Béruriers noirs et les Porte-Mentaux. Et en septembre 1981, les Clash, en résidence d’une semaine à Mogador, font venir Futura 2000 de New York, qui peint sur scène pendant les concerts : c’est la première fois qu’un graffiti writer américain est présent en France.

Pointue et accessible

L’exposition enquête sur les premières traces de cette influence américaine, des premiers articles dans la presse aux premiers livres de photo, mais la vraie bascule adviendra par le New York City Rap Tour, une tournée mondiale organisée en 1982 et qui passera par Paris, Lyon, Metz, Belfort, Mulhouse (Haut-Rhin), Strasbourg, Londres et Los Angeles (Etats-Unis), et scellera l’alliance du graffiti dans la culture hip-hop, aux côtés du rap et de la breakdance.

Lire le récit (2023) : Article réservé à nos abonnés L’art en barre d’André Cadere au Palais de Tokyo

Au milieu des années 1980 se cristallisent ainsi des formes artistiques qui vont se répandre, avec notamment les pochoiristes, auxquels sont consacrés des focus monographiques : Blek le Rat, Jef Aérosol, Miss.Tic. Ou d’autres, tombés dans l’oubli : Captain Fluo, Marie Rouffet, Surface Active… Ou ceux qui pratiquent à la bombe libre (à main levée) un graffiti pictural, comme Epsylon Point, les VLP, mais aussi Costa, qui se laissait enfermer la nuit dans les couloirs du métro pour détourner les publicités avec des dessins et des inscriptions humoristiques.

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