Alors que l’ONU vient d’alerter sur le retard pris par la plupart des Etats dans leur lutte contre le réchauffement, Donald Trump a, lui, soutenu mercredi 29 octobre avoir gagné « la guerre contre le canular du changement climatique ». Cette sortie fait suite à des propos du milliardaire et philanthrope américain Bill Gates dénonçant la « vision catastrophiste » des experts sur le réchauffement de la planète. Elle intervient à une semaine de la COP30, la trentième conférence des Nations unies sur le climat, qui se tiendra les 6 et 7 novembre à Belem au Brésil.
« J’AI (NOUS AVONS !) juste gagné la guerre contre le canular du changement climatique. Bill Gates a finalement reconnu qu’il avait complètement TORT sur la question », a prétendu le président américain sur son réseau Truth Social, usant de majuscules comme à son habitude. Saluant ce qu’il qualifie de « courage » de Bill Gates, Donald Trump, connu pour ses positions climatosceptiques et sa défense du secteur des énergies fossiles, a conclu son message par son fameux slogan « MAGA » (pour « Make America Great Again »).
Dans un long texte publié sur son site Internet lundi soir, Bill Gates avait notamment écrit que le réchauffement de la planète n’allait « pas conduire à la disparition de l’humanité ». Le cofondateur de Microsoft a aussi appelé à ce que la COP30 recentre le débat sur « l’amélioration des conditions de vie » plutôt que sur les températures ou les émissions de gaz à effet de serre.
Si le changement climatique aura « de graves conséquences », a ajouté le philanthrope dont la fortune s’élève selon Forbes à plus de 100 milliards de dollars, « les populations pourront vivre et prospérer sur la plus grande partie de la planète dans un avenir proche ». Selon lui, pauvreté et maladies demeurent les problèmes les plus importants de l’humanité, et s’y attaquer aidera les populations les plus vulnérables à vivre dans un monde plus chaud.
Revirement de Bill Gates
« Nous devons continuer de soutenir les avancées qui vont aider le monde à atteindre le zéro émission », écrit ce défenseur acharné de l’innovation comme une solution centrale dans la lutte contre le changement climatique. Un objectif prioritaire, selon lui, doit être de faire drastiquement baisser la différence de coût entre les solutions émettrices de CO2 et les alternatives décarbonées, aujourd’hui plus chères.
Bill Gates, qui a quitté toute fonction exécutive chez Microsoft en 2008 pour se consacrer à la philanthropie, a fondé Breakthrough Energy en 2015. Ce fonds a investi plus de deux milliards de dollars dans des technologies naissantes, telles que le ciment bas carbone ou l’aviation sans émissions.
Quant à la Fondation Gates, montée en 2000 et initialement consacrée à la lutte contre les maladies, notamment via la vaccination, elle s’est, à partir du début des années 2010, également attaquée à la lutte contre le changement climatique, au point de faire de Bill Gates une des figures mondiales dans ce domaine.
La vision désormais développée par le milliardaire irrite les scientifiques spécialistes du climat, qui accusent le milliardaire de proposer un faux choix entre l’action climatique et la réduction des souffrances humaines. « En réalité, les deux sont intrinsèquement liées », réagit auprès de l’Agence France-Presse Rachel Cleetus de l’association Union of Concerned Scientists.
« Le réchauffement climatique sape les efforts d’éradication de la pauvreté et ceux visant à atteindre les objectifs de développement humain à travers le monde », ajoute-t-elle. « L’ouragan Melissa, une tempête dopée par le changement climatique, n’est que le dernier exemple des conséquences mortelles et coûteuses du changement climatique pour les nations qui souffrent déjà de situations humanitaires complexes. »
Le monde n’est pas sur la bonne trajectoire
Le GIEC – les scientifiques mandatés par les Nations unies sur le climat – estime que les émissions doivent baisser de 60 % d’ici à 2035, par rapport à 2019, pour avoir une bonne chance de limiter le réchauffement à 1,5 °C par rapport à la période préindustrielle, le but le plus ambitieux de l’accord de Paris de 2015.
Mais le rapport de synthèse des engagements climatiques des pays à l’horizon 2035, publié le 28 octobre, montre que le monde n’est pas du tout sur la bonne trajectoire. Les plans climatiques élaborés par les pays du monde devraient réduire les émissions de gaz à effet de serre de seulement « environ 10 % d’ici à 2035 », selon un calcul de l’ONU publié mardi, qui reste très partiel en raison du retard d’une centaine de pays à publier leurs feuilles de route.
Avec un climat déjà en moyenne 1,4 °C plus chaud aujourd’hui, de nombreux scientifiques estiment désormais que le seuil de 1,5 °C sera très probablement atteint avant la fin de cette décennie, l’humanité continuant à brûler toujours plus de pétrole, de gaz fossile et de charbon.










