Alors que le tribunal administratif de Paris avait finalement autorisé à la dernière minute le rassemblement, environ mille personnes ont défilé samedi 10 mai après-midi dans la capitale à l’appel du groupuscule néofasciste du Comité du 9 mai, selon la préfecture de police de Paris.
Le groupuscule d’extrême droite manifeste tous les ans pour l’anniversaire de la mort d’un de ses militants, Sébastien Deyzieu, mort accidentellement en 1994. Ce jeune militant de l’Œuvre française, groupuscule pétainiste et antisémite, chuta d’un toit le 7 mai 1994 lors d’une poursuite avec les forces de l’ordre à l’occasion d’une manifestation convoquée « contre l’impérialisme américain », interdite par la préfecture.
Derrière une banderole « Sébastien Deyzieu Présent », ces militants d’ultradroite, souvent vêtus de noir et le visage dissimulé, ont marché samedi entre Port-Royal et la rue des Chartreux (6e arrondissement), où M. Deyzieu avait trouvé la mort il y a trente et un ans.
Encadré par un service d’ordre encagoulé et surveillé par d’importants effectifs des forces de l’ordre, le défilé s’est déroulé sans incident notable, malgré quelques tirs de mortier par des contre-manifestants antifascistes à proximité du cortège. Arrivés rue des Chartreux, les militants, dont certains venus d’Allemagne, Italie, de Hongrie ou encore d’Espagne, se sont recueillis par petits groupes à proximité de l’immeuble d’où avait chuté le militant.
Croix celtiques et symboles nazis
Selon un journaliste de l’Agence France-Presse sur place, ils ont notamment entonné à plusieurs reprises « Europe, jeunesse, révolution » – le slogan du syndicat d’étudiants d’extrême droite GUD (Groupe union défense), dissous en juin 2024. De nombreux participants arboraient aussi des drapeaux de croix celtiques et pour certains des tee-shirts évoquant l’iconographie nazie, ainsi que la mouvance hooligan.
La Préfecture de police de Paris avait initialement interdit cette manifestation annuelle en arguant d’un risque de troubles à l’ordre public. Mais le tribunal administratif de la capitale a suspendu cette mesure vendredi soir, estimant que « la même manifestation organisée l’année dernière n’avait donné lieu à aucune poursuite de manifestants ».
Le tribunal administratif a, en revanche, maintenu l’interdiction d’une « manifestation antifasciste et antiraciste », comme demandé par le préfet de police de la capitale, Laurent Nuñez, argumentant que cette contre-manifestation était prévue sur le même parcours que la manifestation organisée par le Comité du 9 mai et « aurait conduit à mêler les participants à chacune de ces manifestations dont les antagonismes idéologiques sont forts ». Le juge a également « tenu compte du fait que des membres des organisations ayant soutenu la manifestation avaient commis des actes de violence par le passé ».
Plusieurs centaines de membres du groupuscule d’extrême droite, dont les chants nationalistes, les provocations et les tatouages nazis avaient choqué en 2023, avaient pu défiler l’an passé en toute impunité lors d’une manifestation autorisée par le tribunal administratif.