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Histoires Web vendredi, décembre 27
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Plus qu’un vis-à-vis, c’est une véritable conversation. Qu’auraient donc pu se dire, s’ils s’étaient rencontrés, Richard Avedon, légende de la photographie de mode décédé en 2004, et Tyler Mitchell qui, à 29 ans, fait une ascension fulgurante dans le même domaine depuis qu’il a immortalisé Beyoncé pour Vogue, en 2018 ? Le jeune Américain a imaginé ce dialogue avec son compatriote par le biais de leurs images pour le stand de la galerie Gagosian, présente au festival Paris Photo.

Des décennies les séparent, et des mondes, pourrait-on croire. Et pourtant, leur rencontre s’avère des plus troublantes. Car Tyler Mitchell a une connaissance intime de l’œuvre immense de son prédécesseur. Dès ses débuts, elle l’a nourri, porté. Il s’y est plus intensément attaché encore à l’occasion de l’exposition orchestrée par Gagosian pour le centenaire de la naissance d’Avedon, en 2023. Cent artistes et personnalités ont été invités à sélectionner une de ses photographies. Mitchell était l’un d’eux. « Cela a éveillé mon désir d’explorer des pans moins visibles de ses archives », raconte-t-il.

Un double autoportrait l’attire particulièrement. Pris en 1946, il met en scène Richard Avedon, âgé de 23 ans, avec James Baldwin, se reflétant dans un miroir, chez la mère de l’écrivain. Les deux avaient fréquenté le même collège, à New York, dans les années 1930, puis s’étaient perdus de vue. Ce cliché les a réunis. « Leur amitié a ensuite grandi pour culminer avec leur livre de 1964, Sans allusion, rappelle Tyler Mitchell. Cette image met en évidence le pouvoir de la collaboration à long terme et la manière dont ce type de relation durable peut enrichir le travail créatif. »

« Une tapisserie visuelle du monde »

A partir de ce coup de foudre, il explore toute l’œuvre d’Avedon, au-delà des clichés. « Nous tenons trop souvent son travail pour acquis. Moi-même, je l’ai certainement fait, au début. Ses images sont si emblématiques, si profondément ancrées dans notre inconscient collectif qu’il est facile d’en négliger la signifi­cation. Mais il a su embrasser de si nombreux sujets ! » Mannequins, musiciens, boxeurs, athlètes, artistes, politiciens et quidams : « Il a tout capturé de l’époque, créant une tapisserie visuelle du monde tel qu’il était. » C’est cette même ambition qui, reconnaît Tyler Mitchell, l’anime aujourd’hui : « Faire preuve d’audace en affrontant tout ce qui me fascine, ou me défie. »

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