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Histoires Web dimanche, septembre 8
Bulletin

Trois sets chaque soir (à l’ancienne !), le trio du pianiste Laurent Courthaliac accompagne, au club Sunside, à Paris, douze artistes de premier plan. Au programme, évocation d’une personnalité du jazz (Charlie Parker, Miles Davis, Nina Simone, Thelonious Monk, Ella Fitzgerald, Chet Baker…), en compagnie d’un soliste invité, de Pierrick Pédron à Géraldine Laurent, saxophonistes, en passant par les trompettistes Fabien Mary et Robin Mansanti : revue des troupes, le point sur les clubs et quelques vues sur le destin du jazz… Pas moins.

Marathon pour les Jeux olympiques ou pour de rire. Les qualités d’arrangeur de Laurent Courthaliac sont très recherchées : science, écriture, intelligence des styles. Courthaliac aime les clubs. Il aimerait jouer toutes les nuits. Il sait servir les solistes. Aussi disponible que d’humeur toujours égale (essentiel), il participe, durant les Jeux de Paris, au « marathon du jazz » que le Sunside présente, du 26 juillet au 11 août, une olympiade dans ce monde parallèle où l’on ne pense qu’à jouer, le jazz.

Les clubs sont de plus en plus fréquentés. Sans avoir les charmes divins des stades, arenas et salles labellisées Zénith, ils ont ceux de la proximité, de l’exactitude du son, de la présence des musiciens en scène. A chacun selon son époque. L’intimité du club, doublée de son indispensable mystère du mythe, permet cette recherche au présent. Les profanes, aujourd’hui, n’ont plus les craintes de s’y aventurer.

Formation téméraire

Laurent Courthaliac en est très conscient. Il a fait le chemin. Né au Puy-en-Velay le 15 janvier 1973, père professeur d’histoire, mère antiquaire, notre Ponot (ainsi s’appellent les habitants du Puy) est fidèle à trois caps décisifs : Les Quatre Cents Coups (1959), de François Truffaut, film qui décide de son amour de Paris – il est alors âgé de 12 ans ; l’impérieuse présence du piano à domicile ; l’écoute ahurie, enfin, des pianistes « stride » (Willie « The Lion » Smith, James P. Johnson), en même temps que celle de Thelonious Monk : « J’écoute son disque en solo [Solo Monk, 1965] tous les jours. »

Courthaliac affiche une formation téméraire, à la fois classique, entêtée et tournée vers l’avenir : « Le jazz va avec la grande ville. A Lyon, je rencontre les musiciens, je découvre Tchangodei, tout me passionne. Le jazz est indémêlable de la nuit, de la communauté informelle des musiciens, et de l’énergie vitale qu’elle transmet. » Energie qu’il retrouve à Mâcon, où, pianiste acceptable, il accompagne les pointures de passage, le saxophoniste Steve Grossman par exemple : « En somme, j’ai appris ce qu’il fallait faire avant de savoir le jouer. » Cette formation sur le tas est étonnante chez un musicien d’aujourd’hui. Il écoute ses semblables (David Sauzay, Eric Prost…), se mêle du collectif Mu, avec lequel il joue toute la nuit.

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