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Histoires Web jeudi, octobre 17
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Dans la « serre aride » envahie par les cactées monumentales, ils sont quelques-uns, sous clé. Une trentaine de petits cactus dans leur pot de terre, enfermés dans une cage de métal, sont parfois vieux de plusieurs dizaines d’années. Ces trésors encore vivants ont poussé dans des conditions climatiques difficiles, dans des milieux pauvres, au cœur de zones désertiques. On les a littéralement arrachés à leur milieu naturel : racines coupées, base entaillée.

Lophophora aux propriétés hallucinogènes, en forme de coussin, pachypodium ou caudex, reconnaissable à sa base renflée qui sert de réservoir d’eau pendant la saison sèche, tous sont des rescapés.

Ces exemplaires d’espèces rarissimes provenant du Mexique ou de Madagascar ont été découverts à l’aéroport de Roissy – Charles-de-Gaulle par des douaniers français formés à l’identification des plantes. Ils ont été remis au Muséum national d’histoire naturelle de Paris qui, faute de place, les a lui-même confiés au Jardin botanique Jean-Marie Pelt de Nancy, avec pour mission, si possible, de les sauver.

« Quand ils arrivent, ils ont été fragilisés par le voyage, car ils ont été arrachés ou coupés sauvagement et emballés n’importe comment dans du papier journal. On les laisse tranquilles, explique Elisabeth Jodin, la responsable adjointe des collections tropicales au jardin botanique nancéien. Ces grands convalescents nécessitent peu de soins, une température et une hygrométrie constantes, « un peu d’eau » mais surtout une surveillance attentive. « Ils vont rester posés sur leur substrat pendant trois ou quatre ans pour voir s’ils reprennent, font des racines et ensuite, ils iront dans nos collections », poursuit-elle.

Un trafic en pleine expansion

Ces plantes rares, interdites à la commercialisation, sont un objet de curiosité pour les visiteurs même si elles ne sont pas spectaculaires aux yeux du grand public. Elles sont présentées de façon temporaire pour sensibiliser le public à l’enjeu que représentent ces atteintes à la biodiversité, qui peuvent toucher également des plantes de la flore locale.

Le trafic international de plantes rares est en pleine expansion. Selon le dernier rapport mondial sur la criminalité liée aux espèces sauvages, publié mardi 14 mai par l’Office des Nations unies contre la drogue et le crime, entre 2015 et 2021, environ 140 000 saisies ont été enregistrées dans 162 pays, représentant plus de 13 millions de spécimens et quelque 16 000 tonnes d’articles, faune et flore confondues.

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« Un collectionneur est prêt à dépenser plusieurs milliers d’euros pour une orchidée ou un cactus, un lézard ou un perroquet. Ou encore pour acquérir des caudex de Madagascar déjà un peu vieux, 50-70 ans, et tortueux, car ce sont des plantes qui poussent très lentement », explique Frederic Pautz, conservateur des jardins botaniques du Grand Nancy. Ce commerce illégal a fait l’objet d’une communication lors du colloque Droit des plantes, droits de la nature ? qui se tenait les 16 et 17 octobre à Nancy.

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